lundi 3 novembre 2008
mercredi 15 octobre 2008
Reproduire le système à la maison
« Quelle portion de notre éducation est véritablement constructive, réellement consentie? Le travail manuel est trop souvent réduit à la confection de quelques objets fabriqués sous l’œil d’un expert. Même le système Montessori, reconnu comme un système d’enseignement imaginatif dirigé, n’est qu’un moyen artificiel de faire apprendre à l’enfant par l’activité. Je ne vois là rien d’imaginatif.
À la maison, on force constamment l’enfant à apprendre quelque chose. Dans presque tous les foyers, il y a toujours un adulte sans maturité d’esprit qui se précipite pour montrer à Tommy comment fonctionne son nouveau train électrique. Il y a toujours quelqu’un qui met bébé sur sa chaise quand il veut examiner quelque chose sur le mur. Chaque fois qu’on montre à Tommy comment marche son train électrique, on lui vole sa joie de vivre—la joie de la découverte—,la joie de vaincre l’obstacle. Bien pis, on l’amène à croire qu’il est inférieur et dépendant d’une aide extérieure.
Les parents sont lents à comprendre que l’enseignement donné à l’école ( ou dans leur école à la maison ) n’a vraiment aucune importance. Les enfants, comme les adultes n’apprennent que ce qu’ils veulent. Tous les prix, toutes les notes, tous les examens ne font que dévier le développement naturel de la personnalité. Seuls les pédants prétendent que l’on s’instruit dans les livres.
Les livres sont ce qui compte le moins à l’école ( ou dans nos écoles à la maison). Tout ce dont un enfant a besoin, c'est de savoir lire, écrire et compter; pour le reste, des outils, de la pâte à modeler, des sports, du théâtre, de la peinture et de la liberté suffiraient.
La majeure partie du travail de classe effectué par les adolescents n’est qu’une perte de temps, d’énergie et de patience. Il vole à la jeunesse son droit à jouer, à jouer encore et à jouer encore plus; il met de vieilles têtes sur de jeunes épaules.
Au cours de mes conférences dans les Écoles normales, je suis souvent ahuri par la manque de maturité de ces filles et ces garçons pleins de savoir inutile. Ah! ils en savent des choses. Ils brillent dans la dialectique, ils citent les classiques—mais dans leur perspective sur la vie, beaucoup d’entre eux sont des nouveau-nés. Tout cela parce qu’on leur a appris à savoir mais qu’on ne leur a pas permis de ressentir. Ces jeunes gens sont aimables, plaisants, passionnés, mais quelque chose leur manque – le facteur émotif, le pouvoir de subordonner la pensée au sentiment. Je leur parle d'un monde qui leur a manqué et qui leur manquera toujours. Leurs livres d'étude ne traitent pas du caractère humain, de l'amour, de la liberté, de l'autodétermination. Et ainsi le système se perpétue qui ne cherche ses modèles que dans les livres et qui sépare la tête du coeur.
Il est temps de remettre en question la notion de travail telle qu'elle est conçue dans nos écoles (ou dans nos écoles maison ). C'est aujourd'hui un dogme que l'enfant doit apprendre les mathématiques, l'histoire, la géographie, un peu de sciences, un peu d'art et, évidemment, la littérature. Il est temps que nous réalisions que la moyenne des jeunes ne s'intéresse pas beaucoup à aucun de ces sujets.
Je ne dénigre pas l’étude. Mais elle devrait venir après le jeu. Et elle ne devrait jamais être assaisonnée de jeu pour la rendre plus agréable au goût.
Étudier est important – mais pas pour tout le monde. Nijinsky1 n'avait pas pu passer ses examens à Saint-Pétersbourg et il lui était impossible d'appartenir au Ballet National russe sans ces examens. D'après une biographie, le Ballet National lui prépara un examen fictif, lui remettant les réponses en même temps que les questions. Quelle perte ç'eut été pour le monde si Nijinsky avait réellement dû passer ses examens.
Les créateurs apprennent ce qu’ils veulent apprendre, afin d’avoir les outils que leur originalité et leur génie exigent. Nous n’avons aucune idée des créations qui sont tuées dans les salles de classes ( ou dans nos maisons) où l’on insiste sur la nécessité de l’étude.
[...]
Si un maître d'école (ou un parent) qui voit des enfants jouer avec de la boue cherche à rendre l'expérience plus excitante en faisant une dissertation sur l'érosion du sol, quelle fin poursuit-il ? Y a-t-il des enfants qui s'intéressent à l'érosion ?
De nombreux prétendus éducateurs ne se soucient pas tant de ce que l'enfant apprend que de ce qu'on lui enseigne. Et, naturellement, avec les écoles que nous avons – où l'on fabrique en série -, que peut faire un maître d'école, sinon enseigner quelque chose et se convaincre que l'enseignement en lui-même est ce qui importe le plus ?
[...]
[...] Je ne raconte pas cela avec arrogance mais avec tristesse, afin de montrer à quel point les murs des salles de classe et les prisons que sont nos bâtiments scolaires réduisent la perspective de l'enseignant et l'empêchent de voir ce qui est essentiel dans l'éducation. Son travail ne concerne que cette partie de l'enfant qui est située au-dessus du cou et, forcément, la partie émotive et vitale chez l'enfant est pour lui un territoire étranger.
Je voudrais voir une plus grande rébellion chez les jeunes enseignants (et chez les parents) . Ni les études poussées, ni les diplômes universitaires ne pèsent dans la balance quand il faut faire face aux maux de la société. Un névrosé savant n’est en rien différent d’un névrosé moins savant.
Dans tous les pays, qu'ils soient capitalistes, socialistes ou communistes, des écoles sont bâties pour éduquer les jeunes. Mais les laboratoires et les ateliers rutilants n'aideront pas John, Pierre ou Ivan à surmonter les troubles émotifs et les maux sociaux entretenus par la pression qu'exercent sur eux leurs parents et leurs maîtres, aussi bien que la pression coercitive de notre civilisation. »
Bonne réflexion
Savane
Extrait de : « libres enfants de summerhill » , Alexander S.Neill, ISBN 978-2-7071-4216-0
NOTE: Les parenthèses en bleu sont de LEMAQ
1Vaslav Fomitch Nijinski, 1889-1950 -Danseur et chorégraphe russe d'origine polonaise.
dimanche 14 septembre 2008
URGENT - Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison
Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison
Auteure: Sylvie Martin-Rodriguez
Éditions: Dangles, 2008
ISBN: 978-2-7033-0749-5
INTRODUCTION
(extraits, pages 9 et 10)
Ne pas aller à l'école est un tabou majeur. [...]
Il existe des parents qui font le choix de ne pas scolariser leurs enfants à une époque où aucune remise en question de la scolarisation n'est possible (ni même pensable). Passer outre n'est pas sans conséquences pour ces familles qui ressentent rapidement le sacrilège que l'acte de ne pas scolariser évoque pour notre société tout entière.
[...]
Ivan Illich1 cerne parfaitement la situation dans laquelle se trouvent ces familles, quand il dit: «Tous font confiance au traitement que seule l'institution peut entreprendre et, par conséquent, tout accomplissement personnel en marge de l'institution sera matière à suspicion.»
[...]
Tant de méconnaissance nuit profondément au bonheur de ces familles, qui demandent simplement de ne pas être traitées comme des criminels en puissance, alors qu'elles ont fait un choix éclairé en toute légalité et dont l'idéal pourrait correspondre à cette citation du philosophe anglais John Dewey2 : « Apprendre ? Certainement, mais vivre d'abord, et apprendre par la vie, dans la vie. »
[...]
MENSONGE N° 1
L'école est obligatoire
(extraits, pages 13, 19, 20, 23 et 25)
C'est faux. [...]
Tout passe par l'école
Cette croyance en l'école obligatoire est profondément ancrée dans les esprits et n'est pas sans répercussions sur la vie des familles non sco.
[...]
Ce mensonge sur l'obligation scolaire entraîne une vision déformée des enfants et de leurs besoins et l'apparition d'une sorte de mue de l'enfant en élève.
L'enfant se transforme en élève
À partir de l'âge de 3 ans (quelquefois bien avant), l'intérêt ne se porte plus sur la personnalité de l'enfant, sur son essence même, mais sur sa vie scolaire. On lui demande en quelle classe il est, si sa maîtresse est gentille, s'il est sage à l'école, s'il a fait ses devoirs, s'il a de bonnes notes... Ceci tout naturellement, comme si les enfants venaient au monde avec un cartable et un mode d'emploi où serait inscrite en toutes lettres la mention « biologiquement destiné à être scolarisé ».
[...]
Amnésie collective ?
L'oubli collectif, par la culture scolaire, de ce qu'est un enfant, oubli dû notamment à la croyance en l'école obligatoire, entraîne pour les parents l'apparition d'un sentiment d'incpacité à être avec leurs enfants. La vie en leur compagnie leur paraît exiger des compétences surhumaines, qui ne pourraient être acquises que par les spécialistes de l'éducation.
[...]
L'école, une option ?
Peut-on imaginer que l'école ne soit pas une option ? [...]
Pour les enfants qui n'ont pas été immergés dans cette notion d'obligation scolaire, l'option ne se présente pas parce que, pour eux, grandir sans école est normal. C'est une vie contre culture dominante, pas contre nature.
Mes commentaires :
Il est URGENT que chacun lise le livre « Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison ».
« Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison » est le livre de l'année 2008, et il sera certainement le livre de la décennie en ce qui concerne le sujet tabou de l'apprentissage hors-les-murs. Sylvie Martin-Rodriguez s'est livré à un exercice fastidieux: colliger des dizaines d'études et de lectures en plusieurs langues, les lire, les annoter, se les résumer, écrire dans un style direct pour aller droit au but. Elle réussit avec brio à toucher le coeur des lecteurs, les aide à remettre en question toutes les idées reçues sur l'éducation, l'enfance, mais surtout sur l'école et le système d'éducation. Un travail fou. Je la remercie publiquement pour cet acte de grande portée sociale, ce geste de solidarité envers les familles qui vivent l'école maison partout dans le monde, cette démarche qui démontre un grand amour pour tous les humains en faisant le choix d'agir pour ne pas les laisser dans la peur dûe à l'ignorance.
« Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison » est si bien écrit qu'il sera l'allié, le guide de tous les parents qui ont choisi ce projet de vie qu'est l'éducation en famille. Trop souvent on nous pose des questions, toujours les mêmes, ces questions qui nous font rêver d'avoir un écriteau sur le front où s'afficheraient les réponses qu'on s'épuise à répéter jour après jour quand on ne se retrouve pas face à l'un de ces hurluberlu, bien intentionné (mais on ne sait pas trop pour qui...?), qui nous inonde de questions, histoire de nous empêcher de respirer et d'avoir le temps d'y répondre vraiment. Si vous en avez marre de vous répéter, prêtez le livre de Sylvie Martin-Rodriguez... et retournez vite vivre avec votre famille.
« Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison » est le livre dont toute famille a besoin, celui qu'il faut absolument laisser traîner sur la table du salon, de la cuisine ou dans la salle de bain. Celui qu'on offre en cadeau aux grand-parents, à la belle-soeur, à un ami et au voisin un peu inquiets et qui se permettent de douter ou de remettre en question vos choix de vie personnels (comme si ça les regardait). Mais, c'est également le livre dont on suggère la lecture au personnel des écoles et des Commissions Scolaires, à Madame la Ministre de l'Éducation, et même, ou peut-être surtout, à Monsieur le Premier Ministre. C'est le livre que tout regroupement de familles d'école maison doit se procurer afin de pouvoir en faire le prêt à toute nouvelle famille qui se joint au groupe, histoire d'arrêter de perdre du temps sur le fond et de pouvoir mettre les énergies si précieuses de chacun/chacune à vivre avec nos enfants.
« Les 10 plus gros mensonges sur l'école à la maison » m'a fait du bien. Je souhaite à tous de prendre le temps de le lire et de le relire. Il me donne le goût de continuer mon implication sur ce blog et même plus, de créer un fonds afin de faire l'achat de plusieurs exemplaires qu'on pourrait offrir à certaines personnes afin d'aider à l'ouverture d'esprit et mettre fin à l'ignorance de notre société québécoise trop civilisée pour être restée humaine. Si vous n'arrivez pas à mettre la main sur ce livre, demandez à votre libraire de le commander chez le distributeur au Québec qui est le groupe Raffin. N'hésitez pas à m'écrire au besoin, je tenterai de vous aider.
Heïdi
1Illich, Ivan – Une société sans école, Le Seuil, 1971.
2Dewey, John – Philosophe (1859-1952)
jeudi 7 août 2008
Libre pour la vie
La solitude, ça fait très longtemps que je la vis. Mes souvenirs d'enfance sont marqués d'incompréhensions et de solitudes, mes questionnements n'ont pas été nourris mais plutôt étouffés. Ma mère a toujours reconnu ma différence sans toutefois savoir comment s'y prendre avec moi mais je peux dire que le jour où elle m'a dit:
« TERMINÉ l'école ! Fini, tu n'y retournes plus », elle a entamé mon processus de délivrance. Elle m'a ouvert à tout un monde de possibilités. Enfin, elle me donnait la chance de respirer et devenir un être à part entière.
Je n'ai jamais été maltraitée à l'école. A quelques reprises, j'ai vécu du rejet, sans plus ni moins. Ce n'est pas cette douleur qui est marquante de mon passage à l'école mais plutôt l'incompréhension que j'avais face à celle-ci et à l'existence humaine. Je ne comprenais pas qu'est-ce qu'on faisait là ? La race humaine ne sert à rien alors à quoi bon être assise sur un banc d'école? Je nous trouvais tellement inutiles en tant qu'êtres humains, je n'avais aucune explication, je ne recevais aucune réponse à savoir à quoi nous servions dans l'univers, alors d'être assise-là était, pour moi, un non-sens. L’école ne nous permet pas d’approfondir sur notre «être», elle nous permet seulement de nous étouffer, de faire comme tout le monde et de devenir une marque de commerce. Pendant le primaire, tout s'est refoulé mais quand la puberté est arrivée, je suis devenue une vraie bombe. Ma mère est tombée malade, ce qui m'amena à changer 6 fois d'école entre mes 11 ans et mes 13 ans.
Quand j'ai commencé le secondaire (parce que je l'ai fréquenté environ 1 an en recollant les bouts), je m'absentais de mes cours régulièrement, alors, j’ai connu les gangs. Hé oui, la petite fille qui ne voulait que savoir pourquoi l’humain existe en était rendue à consommer des drogues ''douces'' à 11 ans, pour vendre du «chimique» à 13 ans. Honnêtement, mon incompréhension ou plutôt l'absence d'aide et de réponses sur le sens de la vie commençait à me détruire.
Quand ma mère est revenue de sa maladie et qu'elle a vue où j’en étais rendue, elle m'a sortie de l'école et de toute cette merde qu'était ma vie en devenir. Vous ne pouvez savoir combien je lui en suis reconnaissante d'avoir eu le courage d'affronter la société et la DPJ alors que ces derniers la menaçait de me mettre en centre fermé jusqu'à 18 ans. Elle m'a redonné ma vie. Ce jour-là, elle m'a dit: « À partir de maintenant, tu es responsable de tout ce qui t'arrive dans ta vie, positif comme négatif» . Elle m'a rendu mon pouvoir sur ma vie, mon autonomie. Tout ce qui allait me manquer de l'école était le plaisir de provoquer, que j’avais très bien appris d'ailleurs.
Suite à cela, j'ai quand même eu une période difficile. Ça m'a pris un bon deux ans à sortir la rage que j'avais en dedans de moi et à commencer à réapprendre à vivre. Je rentrais à 3 heures du matin, «ben maganée», puis ma mère s'assoyait dans son lit, elle s'allumait une cigarette et elle m'écoutait. C'est tout ce dont j'avais besoin: me faire entendre. Ma mère lisait des livres pour être capable de me comprendre et de me guider dans mon cheminement.
À 15 ans, j'ai décidé que tout était fini, ma révolte contre la société prenait fin. J'ai tout lâché, amis, chum, travail (parce que je travaillais 45 heures/ semaine dans un resto depuis mes 13 ans) et je suis allée faire une thérapie (désintoxication de free base). J'étais prête à assumer parfaitement ma responsabilité face à mon avenir. Je n'oublierai jamais le jour où j'ai fait virer mon bateau et j'ai mis un nouveau cap sur ma vie. Cette force, elle était à moi et à moi seule car j'en étais responsable, ma mère m’avait donné ce pouvoir en me rendant responsable de ma vie. Depuis, j'utilise la même force dans tout ce que j'entreprends et je réussis tout ce que je veux réussir. Ce n’est pas compliqué, j'ai le pouvoir sur ma vie.
Maintenant, vous comprendrez que quand on ose me dire que l’école prépare à la vie, je ne suis pas du tout de cet avis.
Permettez à votre enfant de vivre, de se découvrir, d’aimer la vie. Tout simplement, donner le pouvoir à votre enfant sur sa vie et la vie lui appartiendra.
Si c'est nécessaire la matière scolaire ? Personnellement, ça m'a pris un an et demi à refaire une partie de mon primaire, faire mon secondaire et avoir mes préalables requis pour le Cégep. Qu’en pensez-vous ???
Je souhaite de tout mon cœur que les parents qui aiment leurs enfants les approuvent. Alors, ils seront libres pour la vie!
Savane
vendredi 18 avril 2008
L’apprentissage infini et le unschooling
L’apprentissage infini et le unschooling
Durant la dernière année, suite à plusieurs échanges avec certains parents, j’ai remarqué qu’il y avait une grande confusion dans l’esprit de ceux-ci quand le terme du unschooling était abordé. Je pense qu’il est nécessaire de partager ma vision du unschooling et de remettre les pendules à l’heure.
D’abord, je tiens à préciser que je préfère de loin utiliser le terme Infinite learning, qui veut dire apprentissage infini, plutôt que unschooling,. L’utilisation de ce nouveau terme aidera peut-être certains parents à comprendre qu’il est totalement faux de penser que lorsque nous vivons le unschooling, nous n’apprenons rien. Apprendre est l’essence même du unschooling. Apprendre est tellement puissant que nous reconnaissons la vie elle-même comme situation d’apprentissage.
Partout autour de nous, nous avons la matière* qui ne demande qu’à être vue et entendue différemment. Avec le unschooling , nous vivons ce que les cahiers d’école voudraient bien nous faire comprendre. C’est à dire : nous réfléchissons, nous formulons nos questions, nous découvrons nos réponses, nous critiquons nos propres raisonnements, nous suivons notre chemin, nous développons en nous la volonté , l’initiative, la liberté d’esprit, nous ouvrons notre pensée, finalement, nous bâtissons notre intelligence. Le unschooling est avant tout vivre le questionnement et faire nos connections avant d'en arriver à un processus. Tout «être» a besoin de temps pour assimiler des connaissances L’apprentissage se fait d’une manière tout à fait naturelle et le facteur temps ne se considère pas.
En tant que parent, nous reconnaissons que l’enfant fait ses propres connections et construit son univers. Nous accordons une confiance illimitée à sa curiosité naturelle, son désir d’apprendre plus grand que n’importe quel programme et/ou structure. L’enfant, par ses questionnements, nous éclaire et nous montre sa propre voie. Il nous suffit d’être là, à l’écoute de ce qu’il est et de ce qu’il vit. Par ses questionnements, il nous guide et nous l’accompagnons dans le développement de ses intérêts et de ses connaissances, en toute liberté. Dans l’amour, nous lui fournissons tout le support nécessaire en le nourrissant et en le respectant dans ce qu’il aime. Nous pouvons l’entourer de logiciels, de livres, de revues, de dictionnaires et d’une grammaire peut-être et/ou simplement répondre à ses questions avec nos propres connaissances! Nous lui donnons vraiment le moyen de trouver ses propres réponses et de se découvrir. Apprendre est un réel plaisir ou même une réelle passion , quand nous n’y sommes pas obligés.
Nous admettons que l’enfant est un être à part entière et qu’il a droit à sa propre personnalité, à son propre développement, à sa propre intelligence et nous nous refusons à faire de notre enfant une copie conforme de notre génétique. Finalement, nous reconnaissons l’unicité de notre enfant et de chaque être sur cette terre.
Certains parents croient que vivre le unchooling est laisser faire l’enfant dans tout ce qu’il veut faire. Ce n’est pas totalement faux et ni totalement vrai. Le unschooling c’est d’abord VIVRE, avoir du PLAISIR, JOUER! Chaque jour est rempli de mystères et d’émerveillement, car chaque jour est un nouveau PLAISIR, un nouveau JEU, et naturellement, une continuité de ce que nous aimons. En cueillant le plaisir, la vie s’ouvre à nous, à notre épanouissement et nous impose ses apprentissages. Que nos apprentissages soient à valeur humaine ou reliés à une matière*, seule la fusion de nos apprentissages nous prépare à la vraie vie1 . Nous sommes en apprentissage infini. Nous avons des principes comme dans toutes les autres familles. Nous mangeons, nous dormons, nous brossons nos dents, nous nous habillons et apprenons à vivre, à grandir ensemble en famille. Nous développons de bons comportements pour le bien être de toute notre famille. Nous grandissons dans le respect profond de ce que nous sommes, donc par le fait même, nous apprenons à respecter les autres, ce qui est essentiel au bon développement de notre communauté.
Savane
* je fais référence aux matières académiques vues à l’école ou avec les programmes
1- les programmes éducatifs ne sont que de la production de résultats sans connaissance de soi et ne prépare pas à la vie.
samedi 12 avril 2008
Conte pour parents - 5
Histoire des sciences
Dans les temps anciens, le monde entier allait à l'école.
Les cailloux, les plantes et tous les animaux allaient à l'école.
Les plus vieux apprenaient au plus jeunes comment se défendre et bien manger.
Les plus jeunes apprenaient au plus vieux à garder l'esprit ouvert et alerte.
Un baobab pouvait donner un cours de botanique à un jeune léopard,
Un caillou pouvait enseigner la méditation à des petits moineaux,
Le vent apprenait la danse à de jeunes flocons de neige
et le feu enseignait la magie.
On pouvait prendre des cours de self-défense avec un maître cactus,
des leçons de chant avec un rossignol
ou découvrir la géographie avec un pingouin.
Chacune et chacun choisissait quand, où, comment et avec qui apprendre.
Et tout le monde aimait l'école. C'était la grande école de la vie.
D'ailleurs ça ne s'appelait même pas l'école, ça s'appelait la vie !
et on ne disait pas "apprendre”, on disait "respirer”!
Puis un animal fier de lui-même, appelé homo sapiens tomba d'un arbre et
déclara un jour:« ça y est je sais tout !et je le sais mieux que tout le monde! »
Et il se nomma lui même « Grand Maître d'École »
Il découpa toute sa science en petits morceaux et se mit à faire la leçon en
distribuant de ces petits morceaux de savoir à qui voulait l'entendre.
Hors, il se trouva que personne ne voulait l'entendre.
Il essaya de donner des leçons de morale aux cailloux.
Mais les cailloux n'entendait rien à ce discours.
Il se mit à donner des cours d'économie aux oiseaux. Mais les oiseaux
voltigeaient à droite à gauche en n'ayant rien à faire des lois du marché.
Puis il essaya d'inculquer des notions d'éducation civique aux arbres, mais
les arbres faisaient la sourde oreille.
Un jour il voulut apprendre la politesse au feu et il se brûla les doigts.
Après quoi il faillit se noyer en tentant d'initier un fleuve à la discipline.
Ces cours d'arithmétique aux étoiles furent un vrai fiasco.
Et le vent n'a jamais suivi aucune de ses leçons de géopolitique.
Dés lors l'homo sapiens décida de se couper du monde et d'enseigner
n'importe quoi à ses propres enfants.
Mais ses enfants préféraient aller prendre des cours à l'école de la vie.
Alors il fit construire une prison pour enfants interdite aux animaux, aux
plantes et aux cailloux. Interdite au vent, et aux étoiles.
Les arrières arrières petits enfants de cet homo sapiens continuent de perdre
leur jeunesse dans la prison du maître d'école.
Alors que le monde autour d'eux continue de transmettre toutes sortes
d'enseignements vivants dans la grande école de la vie.
auteur (e): anonyme
source:tomatepoivron.org
jeudi 10 avril 2008
Conte pour parents - 4
Travaux pratiques
Un autre jour, dans une autre école, le professeur avait demandé à ses élèves
ce qu'illes (ils/elles) pensaient de leur école. En disant d'abord ce qu'illes aimaient bien
et ensuite ce qu'illes n'aimaient pas.
– « Ce qui est bien dans l'école c'est qu'on apprend des tas de trucs...
– Et puis on peut se faire des copines et des copains...
– Et pendant la récré on peut jouer à cache-cache,
ou à chats perchés,
ou à
saute-mouton,
ou à la déli-délo,
ou à la balle au prisonnier ou à poule-renard-vipère...
– Et qu'est ce que vous n'aimez pas ?
– Moi ce que j'aime pas dans l'école c'est qu'on soit obligée d'y aller...
Et puis il faut se lever le matin et le cartable est trop lourd...
et puis il y a trop de devoir et trop de trucs à apprendre !
– et il faut rester assise tout le temps et on peut rien se dire pendant les cours!
– et il faut lever le doigt pour aller pisser...
– et on a pas le droit de penser différemment...
– et il faut obéir au prof...
– et faire tout ce qu'on nous dit et dire "oui monsieur”, "s'il vous plait madame”
– et on peut pas courir dans les couloirs...
– et on doit rester en rang par deux...
– et y a trop de contrôles !
– et moi j'aime pas les mathématiques !
– et moi j'aime bien dormir !
– et à la cantine c'est trop pas bon !
– et y a pas assez d'arbres dans la cour...
– et la déco elle est trop nulle !
– et puis y a des barreaux aux fenêtres...
– et les néons ils font mal aux yeux...
– et ça pue dans les toilettes !
– et les chaises, elles font mal au dos !
– et les divisions c'est trop difficile !
– et puis on s'ennuie à mourir...
– et les livres à lire sont beaucoup trop longs !
– et la grammaire personne n'y comprend rien !
– et l'exception doit confirmer la règle...
– et les cancres doivent confirmer les bons élèves...
– et moi je confirme que c'est débile !
– et moi j'ai peur d'avoir l'air idiote...
– et moi j'ai peur de me faire gronder.
– et moi j'ose pas dire ce que je pense.
– et moi j'ai tout le temps peur à l'école.
– et les vacances sont beaucoup trop courtes !
– et nous on est là enfermés toute la journée alors qu'il fait beau dehors !
– et on doit apprendre des trucs par coeur alors que c'est la guerre dans le
monde !
et la liste des trucs pas bien ne s'arrêtait pas... alors le professeur est
devenu tout pâle et puis il a dit pour de vrai:
« Bon et bien, nous allons faire une expérience: à partir de maintenant
faites tout ce que vous avez envie... »
Il y a eu un petit moment très court où personne n'a bougé... Et tout d'un
coup il y en a un qui a explosé au dernier rang en criant « WAHOU ! » et il
est sorti en sautant sur les tables.
Alors tous les enfants ont regardés le professeur pour voir si c'était vrai ce
qu'il avait dit et le professeur les a regardés l'air de dire: « et bien ? Qu'est
ce que vous attendez ? Allez-y! »
C'est à ce moment là que tous les enfants ont sautés de joie en hurlant et en
chantant et puis sont sortis de l'école pour faire ce qu'ils avaient envie:
Il y en avait qui avait envie d'aller se baigner, d'autres voulait parcourir le
monde, d'autres voulait passer du temps à jouer avec leurs amis, d'autres
encore voulaient simplement sauter partout en poussant des cris bizarres.
Un seul enfant était resté dans la classe car il avait envie d'être avec le professeur
« Et voilà c'est l'anarchie ! dit le professeur
Qu'est-ce que c'est l'anarchie ? demanda l'enfant
L'anarchie c'est, si tu veux, quand plus rien n'est obligatoire...
ha c'est ça ? Alors moi j'aime bien l'anarchie...
Et bien il se trouve que moi aussi ! » fit le professeur. Et il souriait.
auteur(e): anonyme
source: http://tomate.poivron.org/
mardi 8 avril 2008
Conte pour parents - 2
j'espère que vous avez apprécié la lecture du premier conte. N'hésitez pas à laisser un commentaire. Voici le second conte du carnet.
Bonne lecture !
Heïdi
2.
Une école tout à fait ordinaire
Voilà, c'est une histoire qui se passe dans une école. Une école tout à fait ordinaire. Avec des salles de classes, une cour de récréation, un préau et tout le tralala. Alors, pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu'est une école tout a fait ordinaire, pour n'y être jamais allée, je dois vous expliquer deux ou trois choses:
D'abord pour y aller, il faut absolument se lever très tôt le matin.
C'est pour ça que le matin on fait sonner un réveil.
Un réveil ça fait un bruit insupportable, ça hurle: « ON PEUT PAS RESTER AU LIT CE MATIN, CAR ON EST OBLIGÉE DE SE LEVER POUR ALLER à L'ÉCOLE ! »
Alors pour toutes celles et tout ceux qui aiment bien dormir le matin,
ou simplement rester au lit à se raconter les rêves de la nuit...
Et bien le hurlement du réveil est une vraie torture !
Bon, s'il y avait école qu'un seul jour par an, à la rigueur ça irait... On se dirait: « Bon d'accord c'est le jour de l'école... » et on ferait un effort... Mais c'est tous les jours, le jour de l'école ! C'est tous les jours, qu'il faut faire un effort !
C'est tous les jours, que le réveil hurle à l'oreille !
Tous les jours qu'il faut se lever même si on a pas envie !
Tous les jours... sauf le dimanche.
Le dimanche on a le droit de rester au lit autant qu'on veut et c'est pour ça que le dimanche, c'est le jour qu'on préfère. En vrai, ça devrait être tous les jours dimanche... Mais non, en fait le dimanche c'est que un jour sur sept, tous les autres jours c'est réveil, c'est debout, c'est école!
Et c'est pas tout ! Parce qu'à la rigueur, d'être obligée de se réveiller très tôt le matin pour aller dans un immense parc à jeux pour faire tout ce qu'on a envie, ce serait peut-être possible, faut voir...
Mais l'école n'est pas tout à fait un immense parc à jeux où on peut faire tout ce qu'on a envie... Non, pas tout à fait...
Alors c'est vrai qu'il y a les récréations. Et que théoriquement pendant les récréations on peut s'amuser. Enfin presque...
Parce que pendant les récréation, par exemple, on peut pas courir toute nue dans la forêt. Non, ça on peut pas. Parce qu'on est même pas dans la forêt !On est dans une cour fermée, le plus souvent recouverte de béton et on a pas le droit de sortir, ni de courir toute nue.
et ça je comprends vraiment pas pourquoi!
Enfin toujours est-il qu'il y a des surveillants ou des surveillantes qui vérifient qu'on s'échappe pas et qu'on court pas toute nue.
Parfois il y a un arbre et un bac à sable et ça veut dire qu'on a de la chance parce que des fois y a rien du tout à part quatre poteaux pour dire que si on veut, on peut jouer au foot.
Mais bon, c'est vrai qu'au moins on est en plein air... Sauf quand il pleut où là on peut même pas jouer à sauter dans les flaques parce qu'on doit rester sous le préau parce que sous le préau là il pleut pas.
Enfin malgré tout ça, c'est quand même la récréation le meilleur moment de l'école.
On serait peut-être d'accord pour y aller tous les jours si c'était tout le temps la récréation, même si on peut pas y faire tout ce qu'on a envie. Mais non, l'école c'est pas tout le temps la récréation. La récréation c'est seulement de temps à autres entre deux sonneries de cloches qui ressemblent à la sonnerie du réveil.
Parce que là c'est pareil, si on a envie de continuer à jouer ou juste de finir une partie de chat perché et bien c'est plus possible: y a la cloche qui hurle:
« ON PEUT PAS JOUER TOUTE LA VIE ! ON EST OBLIGÉE
D'ARRETER POUR RETOURNER EN CLASSE MAINTENANT ! »
Et alors en classe c'est incroyable!
On peut pas imaginer ce que c'est si on y est jamais allée...
C'est dingue tout ce qu'on a pas le droit de faire dans une classe:
On a pas le droit de sortir, de courir ni toute nue,
ni même habillée
On a pas le droit de sauter partout, de chanter, de danser
On a pas le droit de jouer même dans le calme
On a pas le droit de crier, ni même de parler à son voisin ou à sa voisine,
ni de faire aucun bruit d'aucune sorte
On a pas le droit de dormir, on a même pas le droit de rêver ou d'être ailleurs
et même pour aller faire pipi ou caca il faut demander la permission.
En fait on a juste le droit de rester assis derrière une table et de copier dans
un cahier ce que le maître ou la maîtresse écrit sur un grand tableau noir.
On est obligée de répondre quand on nous pose une question
On est obligée de comprendre ce qu'on nous dit ou alors il faut l'apprendre
par coeur sinon on a une mauvaise note et ça c'est le début de très gros problèmes.
On est obligée d'avoir de bonnes notes et sans tricher, parce que si on triche, par exemple en copiant sur sa voisine ou son voisin, alors là les problèmes sont encore plus gros.
Et tous ces problèmes peuvent devenir encore mille fois plus gros si on décide de courir toute nue dans la forêt au lieu d'aller dans cet enfer où on a droit à rien et où on nous oblige au pire.
On pourrait penser qu'après un tel calvaire ,qui dure une journée entière, on est en droit de se reposer. Mais non, il y a les devoirs, les devoirs d'école à faire chez soi. Les devoirs tous les soirs pour ne pas oublier que le cauchemar recommence le lendemain. Comme ça on est toujours obligée de faire autre chose que ce qu'on a envie de faire. Comme ça on oublie ce qu'on a vraiment envie de faire et on en vient à accepter tous les jours le hurlement du réveil, d'être enfermée toute la journée, de retourner
en classe après la récréation et de faire ses devoirs à la maison et on en vient à trouver ça normal !
Heureusement de temps à autre y a pas d’école !
C'est jour férié ou bien c'est les vacances.Les vacances c'est la vraie vie !
Alors pour pas qu'on puisse en profiter il y a les colonies de vacances et
les devoirs de vacances avec des cahiers de vacances pour que même les
vacances ressemblent à l'école.
Je sais que ça parait incroyable mais tout ça existe en vrai.
Et si vous me demandez pourquoi on empêche les enfants de profiter de la vie et pourquoi c'est précisément à l'âge où on veut découvrir le monde qu'on nous enferme et que tout le reste de notre vie on devra travailler pour peut-être profiter de nos derniers jours alors qu'on sera trop vieilleux pour se rappeler ce que ça veut dire "profiter de la vie.”... et bien, si vous me posez une question pareille... J'avoue que je ne saurais pas quoi répondre.
auteur(e): anonyme
source: http://tomate.poivron.org/
dimanche 6 avril 2008
Contes pour parents - 1
Heïdi
1. Message prioritaire du XXIIème au XXIème
.................................................................................................................
................je vous écris du rebut ........
c'est là qu'on jette celles-ceux qui sont pas comme
les autres.......Je n'ai pas de défaut apparent
mais j'ai échoué au test de BP (Bonne Pensée).
En sortant du moule de l' UCLO (l'Usine de
CLOnage) où nous devons simuler une VC (Vie
Collective ) et faire preuve de ...BP .........
........J'ai été parfaitement bien moulé-e.....
..mais à un moment très précis j'ai pensé:..
« Ai-je le droit de ne pas être d'accord ? »..
et j'ai été immédiatement interpellé-e et mis-e
au rebut............................... .......
......Heureusement je ne suis pas seul-e.......
ici la rébellion s'organise....................
.........Nous ne pouvons pas bouger............
Mais nous pouvons essayer de nous poser des
questions.........Nous pouvons tenter de voir
les choses sous un autre angle.............
Tout cela est une aventure inédite pour nous
qui avons subi-es un CNC(Complet Nivellement de
Cerveau).......................................
Grâce à un défaut de notre puce mémoire,.... il
nous est possible d'envoyer des messages dans
le passé...................................
Si tout marche comme prévu vous devriez
recevoir ceci aux environs du
...................XXIème....................
Nous demandons instamment aux générations
passées de se poser toutes les questions
......que nous n'arrivons plus à formuler....
.............................................
Car il nous est apparu que le fait d'être
Tous-tes pareil-les empêche de se poser des
questions ........et donc empêche de pouvoir
.........changer quoi que ce soit............
.............................................
Il semblerait que la technique du CNC
(Complet Nivellement de Cerveau) soit une
extension des méthodes pédagogiques de votre
siècle.......................................
Les UCLO (Usine de Clonage) sont toutes
d'anciennes écoles dont on a conservé
l'inscription d'origine:.....................
.......« Liberté, Égalité, Fraternité ».....
....C'est pourquoi nous vous demandons.......
..........de ne pas penser en bloc ...........et
si possible de détruire les premiers moules
.............................................
Source
mardi 25 mars 2008
L'école prend la place des parents
Heïdi
P.S. J'ai choisi, comme titre de publication, le titre d'un paragraphe que j'aime particulièrement.
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Aller à l’école ? Autonomie et éducation / instruction
Témoignage issu de la rencontre AMP en août 2006 dans le Limousin
Décollage
Je suis donc S. (50ans), la mère de P. (19 ans) et A. (16,5), instit de profession et en disponibilité pour convenances personnelles.
Quelques mots sur mon parcours professionnel :
j’ai toujours beaucoup aimé mon boulot : et le partage des connaissances, et le fait que j’avais affaire à des personnes, et la liberté théorique que nous avons pour enseigner. Bien sûr, on peut toujours tomber sur des inspecteurs-trices qui nous démolissent, mais je suis quand même plusieurs fois tombée sur des supérieurs qui ne rejetaient pas mes démarches et questionnements en bloc... C’est aussi un travail où on peut changer de poste. Je me suis intéressée aux pédagogies « alternatives » (Freinet, Montessori, ...) et j’ai plutôt choisi des postes pas trop « classiques », maternelle, classe de transitions, remplacements...
La famille – l’école :
Le vrai choc pour moi a été de découvrir que la famille est beaucoup, beaucoup plus importante que l’école. J’ai découvert ça quand mes filles ont été scolarisées ; malgré des choses qui pouvaient être considérées comme des handicaps (je les ai élevées seule, nous n’avons jamais eu la télé, nous avions peu d’argent...), mes filles réussissaient bien à l’école ; je découvrais en même temps dans mon travail combien un peu d’attention pouvait aider les élèves en difficultés. Puis j’ai eu des ennuis avec l’administration de l’éducation nationale, et j’ai été suffisamment choquée pour décider de m’arrêter de travailler. A ce moment, j’ai rencontré une compagnie de théâtre itinérante dont le couple dirigeant cherchait quelqu’un comme moi pour suivre la scolarité de leurs enfants en tournée ; ayant vu de près le collège avec ma fille aînée, je me suis décidée à tenter l’aventure, d’autant que je ne me voyais plus enseigner dans la région où j’étais. Nous sommes donc parties en tournée, et j’ai tâché d’organiser l’ « école » pour « mes » 4 élèves du mieux que je pouvais, compte tenu de mes expériences passées. Petit à petit m’est apparu un fait incontournable : le seul impératif de n’importe quel apprentissage est la motivation personnelle, impossible à allier à une obligation scolaire ; j’ai donc eu de moins en moins d’exigences scolaires, et à la fin j’ai préféré arrêter ce travail dans lequel je me sentais en porte-à-faux avec mes convictions. La rencontre avec des gens de LEDA (*) m’a aidée à y voir clair, et il me semble maintenant que toute ma carrière d’instit a trouvé son aboutissement naturel dans la non-scolarisation (« non-sco », ou « école à la maison », ou « instruction parentale »).
(*) LEDA, association « Les Enfants D’Abord », l’une des 3 associations françaises qui regroupe les parents ayant fait le choix de l’instruction parentale pour leurs enfants ; d’autres parents qui ont fait ce choix se rattachent au mouvement « Montessori », d’autres encore le font pour des raisons confessionnelles, ces parents ne font pas forcément partie d’associations.
J’ai maintenant quelques certitudes (?) et pas mal de questions que j’expose ci-après : tout ça n’est ni très construit, ni très abouti, j’en ai bien conscience. Mais je ne suis pas sûre que le construit et l’abouti soient toujours tellement bien, ou mieux, d’autant plus que, bien sûr, ces réflexions sont appuyées sur mon propre fonctionnement, et nous ne fonctionnons pas tous pareils (heureusement ! mais on ne peut pas dire que notre système scolaire en tienne compte...). Je voudrai insister sur un constat qui me semble important, à savoir que mes réflexions prennent racine dans mon vécu, très profondément, d‘une façon dont je n’ai pas vraiment conscience, et que ceci doit être valable pour chacun-e ; il me semble que souvent les gens qui affirment des « vérités » occultent ce fait. En particulier, mes réflexions sont très influencées par le fait que je vis plus proche de la nature que bien d’autres personnes.
La non-sco est d’abord pour moi un choix politique
au sens large du terme, l’école étant à l’évidence un pilier de la société dans laquelle nous vivons. Je suis résolument contre le système scolaire parce qu’il est profondément lié, qu’on en ait conscience ou non, à la société dans laquelle nous vivons et qui est si loin de tout ce qu’on pourrait en attendre et de tout ce qu’on croit à son sujet. Le principal problème est la hauteur de notre niveau de vie qui n’est possible que par l’exploitation de nombreux autres pays, et ceci est inacceptable, sans oublier les mensonges dans lesquels nous baignons, dont nous avons plus ou moins conscience et qui nous permettent de vivre dans nos sociétés « riches ». On peut aussi refuser notre mode de vie parce qu’il détruit notre environnement, et donc notre futur. Ivan Illich a dit tout ça bien plus tôt et bien mieux que moi.
J’explicite ci-après quelques conséquences des structures de notre système scolaire.
L’obligation scolaire :
je suppose qu’on peut la comprendre par l’histoire ; je pense à toutes ces personnes qui ont acquis des connaissances scolaires en même temps qu’elles travaillaient, et bien sûr elles ne pouvaient rien imaginer de mieux que de permettre à leurs enfants d’apprendre en ayant que ça à faire. Mais le moins qu’on puisse dire est que les résultats ne sont pas du tout à la hauteur des attentes.
- cette obligation scolaire a amenée des structures matérielles très lourdes (les établissements scolaires), du moins dans nos pays riches (ce doit être une des bases de l’humain d’essayer de donner le meilleur à ses enfants). Mais je me demande aussi dans quelle mesure cette accumulation de matériel ne remplace (justifie ?) pas la pauvreté de l’être, en bon reflet de notre société si matérialiste… Ceci vaut aussi à mon sens pour toutes les écoles parallèles.
- quand on y réfléchit un peu, on trouve que c’est absurde d’être obligé d’apprendre : mais ce point est très difficile à discuter, parce qu’il correspond en fait à des convictions intérieures, je ne vois pas comment quelqu’un pourrait prouver ou infirmer que l’obligation est une condition sine qua non de tout apprentissage ; mais par contre, ce qui est sûr, c’est que cette obligation n’est pas sans conséquences.
- et la conséquence la plus grave à mes yeux, c’est cette certitude que nous sommes si nombreux à avoir que, pour apprendre, il faut un mentor, qui dise quoi apprendre, comment apprendre, quand apprendre et où apprendre ; ça fait beaucoup de diktats, non ? et en plus, ça enlève toute motivation personnelle des enseigné-e-s ; en d’autres termes, on apprend comme on consomme (on apprend à consommer ??). Et, que pour toute chose importante, le mieux, c’est de faire confiance à des « spécialistes »... Ça empêche aussi toute connaissance de soi, de « comment je fonctionne, comment je progresse, ce que j’aime ce que je n’aime pas, comment je me situe par rapport aux autres, par rapport au monde, ... ».
L’ « artificialité » de l’école
le fait que l’école soit tout à fait un espace-temps à part : C’est d’ailleurs peut être une des caractéristiques de nos sociétés « riches en biens matériels », ces multiples divisions.
La répartition en classe d’âge:
d’une part, ce critère très artificiel ne permet pas grand-chose d’autre au niveau relationnel que la compétition, d’autre part il nous fait trouver normal le découpage social en groupe d’âge…quelle pauvreté…et quelle malédiction le « jeunisme » en vogue : pour les jeunes, vu que dès que tu en as conscience, tu trouves plus jeune que toi, et pour les vieux qui doivent passer leur temps à faire semblant d’être jeunes, sans même pouvoir utiliser leurs acquis... Je pense aussi que cette organisation pousse à l’individualisme : joint au matérialisme, je me dis que ce n’est pas étonnant qu’on n’arrive pas à résoudre les problèmes écologiques majeurs qui sont justes devant nous.
Les connaissances découpées en matières :
on retrouve la soumission aux spécialistes : qui leur apprendra que le tout n’est pas la somme des parties ?? Comment pourraient-ils-elles avoir une vision globale des choses ??? Ça donne des absurdités, comme l’acharnement thérapeutique, ou les OGM, quand les chercheurs-euses ne comprennent pas pourquoi les essais en plein champ ne donnent pas les mêmes résultats qu’en laboratoire...
La prééminence des matières intellectuelles sur les manuelles :
Et maintenant, on est étonné de constater que la nature a des limites, qu’on ne peut pas consommer autant qu’on le « voudrait » (?), et que la pollution nous rend malade... On n’a plus non plus tellement idée de la complexité des systèmes vivants... Je pense au « slogan » : « 80 % d’une classe d’âge au bac » !! Ça n’a tout simplement pas de sens... Il n’y a que des gens qui ne sont jamais sortis du système scolaire qui peuvent penser que ça donnerait une société idéale ; ils n’imaginent même pas le nombre de gens qui, contrairement à eux-elles, se réalisent en travaillant manuellement... Et ce « slogan » absurde pose le bac comme un but dans la vie !!
Le système d’évaluation :
je ne vois pas comment on peut reprocher aux enseigné-e-s de ne pas se passionner pour les notes... Et encore, ils-elles sont si bonne pâte qu’ils-elles y croient quand ils-elles sont petit-e-s, ils-elles croient ce qu’on leur dit... C’est vraiment quelque chose que j’ai du mal à comprendre : rien, selon moi, ne peut remplacer le plaisir de l’apprentissage, je ne dis même pas le plaisir de la réussite, parce que quelle que soit la chose qu’on fasse, on se rend quand même vite compte que plus on pratique, plus c’est facile et mieux fait, et aussi que le soin apporté à ce qu’on fait améliore toujours...
L’état d’assistanat des enseignés, des jeunes :
je suis aussi très questionnée par l’état d’assistanat dans lequel sont maintenus les enfants et ados dans nos sociétés riches ; d’une part je ne vois pas en quoi le « travail » est dégradant, ou mauvais, et d’autre part il me semble que le travail justement est plutôt enrichissant, et bien sûr pas seulement en argent ; je ne parle pas que du travail rémunéré, mais des travaux quotidiens, de la cuisine à la vaisselle en passant par les réparations mécaniques ou la menuiserie (remarque, je suis aussi impressionnée par notre dépendance à nous les adultes à tous les objets que nous utilisons au quotidien)... En même temps, il me semble que j’ai souvent trop travaillé (une angoisse du futur due à ma situation de mère célibataire... mais aussi classique de notre société dans laquelle plus on a, plus il faut protéger ce qu’on a, l’entretenir...), mais quand même, je ne peux pas m’empêcher de voir dans la diversité des expériences de travail un enrichissement.
Les professeur-e-s : de nouveau des spécialistes...
peut être que je suis bizarre, mais franchement, apprendre à quelqu’un-e quelque chose que tu sais, ce n’est pas intéressant ; ce qui est passionnant, c’est le partage. Peut-être que je me trompe, mais je pense que les profs qui aiment leur boulot travaillent avec les élèves avant de travailler avec la matière qu’ils-elles enseignent. Et c’est vrai que c’est tout à fait passionnant de se sentir aux côtés des élèves. Mais on ne peut pas dire que la structure favorise ce genre de façons de faire, c’est plutôt le contraire !
Personnellement, j’ai plutôt l’impression que les profs se font avoir comme les élèves par le système, mais il est souvent trop tard pour changer quand on s’en aperçoit. En plus, la grande majorité des enseignant-e-s sont complètement déconnecté-e-s de la société des actifs, ils-elles sont vraiment à part. Personnellement, je n’ai jamais osé penser que j’apprenais des choses à mes élèves : je savais simplement que je mettais à leur disposition au mieux de ce que je pouvais des éléments susceptibles de les aider dans leurs apprentissages ; je ne vois pas comment on peut « apprendre quelque chose à quelqu’un-e » ; il me semble bien plus juste de simplement s’émerveiller devant les apprentissages, les siens et ceux des autres, s’émerveiller devant toute cette complexité mise en jeu dans le temps, l’espace, avec d’autres et/ou seul-e...
L’école prend la place des parents :
il suffit d’observer un enfant en train d’apprendre à marcher, ou à parler, pour s’apercevoir qu’il-elle n’a qu’une envie, progresser et imiter ses parents ; et rien ne peut remplacer, ni la responsabilité des parents dans le devenir des enfants, ni l’amour qu’ils lui portent. Une des blagues qui circulent dans LEDA dit que quand l’Etat se chargera d’apprendre à marcher aux enfants, on découvrira que 10 % d’entre eux sont « dysjambiques », puis on trouvera les « dyspiediques », puis les « dyschevilliques » ...
De plus, se charger volontairement de l’instruction de ses enfants, en plus de leur éducation (comme c’est encore plus ou moins normal dans nos sociétés) peut permettre à chaque parent d’être plus clair sur ses priorités : confier ses enfants la majeure partie du temps à une institution permet à l’évidence d’avoir du temps pour soi, temps que la majorité des parents consacre au travail rémunéré, course sans fin à l’avoir et à la consommation, qui nous mène droit dans le mur (il me semble que l’une des constantes de nos sociétés « riches en biens matériels » est le fait que les riches deviennent plus riches, et les pauvres plus nombreux... ne travaillons-nous tous et toutes que pour ce résultat Dans l’institution scolaire, il me semble qu’on peut voir une « rentabilisation économique » de l’ « élevage des petits humains ».
Il est aussi évident que le souci constant de ses enfants peut donner l’occasion de réfléchir à son travail, à son rythme de vie, plus à l’écoute de soi en particulier ; de même, être les personnes référents de ses enfants, qu’ils-elles voient au quotidien, donne une autre dimension à ce quotidien. Il me semble d’ailleurs que les catastrophes écologiques qui sont justes devant nous ne sont sans doute pas étrangères à cette séparation enfants-parents, les parents pensant faire au mieux en déléguant l’instruction de leurs enfants (avec la tentation de déléguer aussi leur éducation d’ailleurs), même leur futur...
Le consensus généralisé pour imposer nos systèmes scolaires aux pays dits « pauvres » :
sauf que nos systèmes scolaires développent des sociétés qui n’ont aucun avenir, moralement, économiquement et écologiquement soutenable, nous savons tous et toutes que nous ne pouvons continuer comme ça, sans parler des problèmes humains de nos sociétés. Il ne faut pas réfléchir longtemps pour savoir qu’il est impossible que tous les habitants de la terre aient notre niveau de vie (celui-ci nous apporte-t-il le bonheur d’ailleurs ?) : nous consommons 2 planètes de matières premières, nous polluons la terre entière, nous vivons, nous Français en particulier, en partie sur nos exportations d’armes (la France, 3ème producteur d’armes au monde...), bref, nous rendons la terre invivable, matériellement parlant... mais nous continuons vaillamment à maintenir notre niveau de vie et à considérer qu’il est le seul valable !!! Et nous calmons nos consciences en donnant de l’argent pour que les enfants des pays dits « pauvres » aillent à l’école, en évitant toujours de prendre conscience que leur pauvreté économique est étroitement liée à notre richesse... et nos poubelles continuent à déborder... Nous avons énormément de connaissances d’un certain type, autant que de déchets sans doute, mais nous n’avons aucune idée de ce à côté de quoi notre civilisation écrite nous fait passer ; je ne vois pas en quoi une civilisation orale serait moins « bien » qu’une civilisation écrite, à part le fait que nos civilisations écrites se sont trouvées tellement supérieures aux autres qu’elles sont en train de les exterminer...
L’argument qui énonce qu’il faut que les pays dits pauvres aient accès à l’instruction pour pouvoir lutter à « armes égales » avec les pays dits riches ne souligne que notre croyance en notre système de développement, pendant même que nous constatons tous les jours sa faillite... Il me semble qu’au contraire on devrait se dépêcher d’apprendre d’eux ces autres façons de vivre qui rendent possible l’avenir... A mon avis, les pays dits pauvres s’en sortiront quand nous cesserons de les piller (et nous faisons même des guerres pour ça...) et de maintenir en place leurs dictateurs.
Quant aux enfants des classes défavorisées de nos pays « riches en biens matériels », que leur reste-t-il quand ils-elles ont acquis la certitude que non seulement leurs parents sont défavorisés, mais qu’en plus ils-elles n’ont quasi aucune chance de s’élever dans l’échelle sociale ? Il leur reste la violence...
Beaucoup de personnes défendent avec acharnement et constance des idées et des réalisations pour réformer l’école : comment se fait-il que ces personnes ne peuvent voir que l’argent qui dirige le monde ne permettra jamais à aucune école de former des citoyens libres et responsables ????? (cf les expériences d’ « écoles différentes » qui durent depuis 20 ans...)
NB: à l’attention des parents et futurs parents qui ont lu ce texte
Puisque vous avez lu ce texte, vous êtes dans les privilégiés de notre société (elle-même privilégiée... enfin, bourrée jusqu’à la gueule de biens matériels...) ; certainement quelques un-e-s de vos enfants souffriront à l’école, mais certainement aussi vos enfants « s’en sortiront » globalement ; l’école ne permet qu’à quelques rares enfants de s’élever dans l’échelle sociale, la grande majorité des « enfants de parents défavorisés » souffrent vraiment et longtemps pour bien se mettre dans la tête qu’ils-elles ne « s’en sortiront » pas ; et les enfants des privilégiés apprennent que, quoi qu’il se passe pour eux à l’école, ils-elles s’en sortiront ; à chaque parent de faire son choix : donner à sa propre descendance les moyens de se maintenir parmi les privilégiés (en se fermant les yeux sur les coûts réels de ce maintien)... ou essayer autre chose.
Ci-après, l’ « avertissement », puis le début du premier chapitre qui constitue le prologue du livre
« Libérer l’avenir » d’Ivan Illich
recueil de textes publié en 1970... (j’ai lu en diagonale plusieurs de textes d’Illich quand j’étais jeune, et je regrette profondément maintenant de ne pas y avoir prêté plus d’attention ... mes expériences m’ont amené à faire les mêmes constats que lui (sauf sur l’instruction parentale, en partie je pense parce qu’il n’a pas eu d’enfant) mais il me semble que la terre n’a plus de temps à nous accorder pour que nous fassions chacun-e nos expériences...)
"Dans chaque chapitre de cet ouvrage on retrouvera la marque d’un effort qui vise à remettre en question la nature d’une certitude. Chacun d’eux, par conséquent, entend dénoncer une supercherie qu’entretient l’une de nos institutions. Les institutions créent des certitudes, et dès qu’on les accepte, voilà le cœur apaisé, l’imagination enchaînée..."
Je vous appelle, nous sommes nombreux à vous appeler, certains que je ne connais pas et d’autres que je connais, nous vous appelons :
· à célébrer ce pouvoir que nous avons ensemble de subvenir aux besoins qu’ont tous les êtres humains de se nourrir, se vêtir, s’abriter afin qu’ils se réjouissent d’être en vie ;
· à découvrir, ensemble et avec nous, ce que nous devons faire pour mettre la puissance de l’homme au service de l’humanité, de la dignité et de la joie de chacun d’entre nous ;
· à être conscient et responsable de votre capacité personnelle d’exprimer vos sentiments véritables et de nous rassembler tous ensemble dans leur expression."
http://tomate.poivron.org/Aller_%C3%A0_l%27%C3%A9cole
mardi 18 mars 2008
mardi 11 mars 2008
"Mais comment apprendront-ils à lire?"
* * * * * * * * * * * * *
Ishmael hocha la tête.
"Durant les premières années d'enfance, votre système ne diffère pas du système tribal. Vous dialoguez tout simplement avec vos enfants pour votre agrément mutuel, et vous les laissez circuler dans presque toute la maison. Vous ne leur permettez pas de se pendre au lustre pour s'y balancer ni d'enfoncer des fourchettes dans les prises de courant, mais pour le reste, ils sont libres d'aller et venir à leur guise. A quatre ou cinq ans, les gosses veulent pousser plus loin leur exploration et ils ont en général accès au voisinage immédiat de la maison. Ils ont le droit de rendre visite à leurs petits voisins de palier ou d'étage. C'est un peu l'équivalent d'un cours de sciences sociales: à ce stade, les enfants commencent à se rendre compte que les familles ne sont pas toutes pareilles. Elles diffèrent par le nombre, le style, les façons de vivre. C'est alors que dans votre système, on envoie les enfants à l'école, où leurs mouvements sont contrôlés en permanence. Dans le système tribal, cela ne se produit pas; à six ou sept ans, les enfants commencent à avoir des centres d'intérêt divers, certains sont casaniers, d'autres plus aventureux..."
Je levai la main. "Comment font-ils pour apprendre à lire?"
- Julie, pendant des centaines de milliers d'années, les enfants ont réussi à apprendre ce qu'ils avaient envie et besoin d'apprendre. Ils n'ont pas changé.
- Oui, mais comment ils apprennent à lire?
- Comme ils ont appris à parler, en cotoyant des gens qui lisent. Je sais, on t'a poussée à te méfier de ce processus. On t'a enseigné qu'il vaut mieux laisser ça à des professionnels, mais ceux-ci ont un taux de réussite pour le moins discutable. Rappelle-toi que les gens de ta culture ont appris à lire pendant des milliers d'années sans que les professionnels se chargent de leur enseigner. Le fait est que des enfants qui grandissent dans un foyer où la lecture se pratique finissent par savoir lire.
- Oui, mais les gosses ne naissent pas tous dans une maison où on lit.
- Prenons par exemple un enfant qui naît et grandit dans un foyer où les parents sont complètement illettrés. Où ils ne savent même pas lire une recette de cuisine ou une facture d'électricité.
- D'accord.
- A quatre ans, l'enfant commence à élargir son cercle de relations. Allons-nous supposer que tous ses voisins sont eux-mêmes complètement illettrés? C'est aller un peu loin, mais admettons. A cinq ans, l'enfant agrandit encore son champ d'action. Il semble peu probable que tout son entourage soit illettré. L'enfant est environné et bombardé de messages écrits, intelligibles pour une bonne partie de ceux qui l'entourent, en particulier les enfants de son âge qui n'hésitent pas à se vanter auprès de lui. Il n'acquerra pas tout de suite un excellent niveau, mais à son âge, de toute façon, il serait encore à étudier l'alphabet s'il était à l'école. Immanquablement, il apprend ce qu'il lui faut, ce dont il a besoin, Julie. Je lui fais confiance. Je suis certain qu'il accomplira ce que des petits humains ont réalisé pendant des centaines de milliers d'années. Ce dont il a besoin maintenant, c'est de savoir faire les mêmes choses que ses camarades.
- Oui, ça paraît logique.
- A six ou sept ans, alors que le rayon d'action de l'enfant continue de s'élargir, il veut avoir un peu d'argent de poche, comme ses petits copains. Il n'a pas besoin d'aller en classe pour apprendre à compter et à distinguer les pièces de monnaie. Il assimilera l'addition et la soustraction tout naturellement, comme l'air qu'il respire, non parce qu'il est doué en mathématiques, mais parce qu'il en a besoin au fur et à mesure qu'il avance dans le monde et dans la vie.
Partout, les enfants sont fascinés par le travail que leurs parents font à l'extérieur de la maison. Dans notre nouveau système tribal, les parents comprendront qu'impliquer leurs enfants dans leur vie active est une alternative qui vaut mieux que de dépenser des milliards par an pour des écoles qui ne sont, en fait, que des centres de détention. Il ne s'agit pas de transformer les enfants en apprentis, loin de là, mais de leur donner accès à ce qu'ils ont envie de connaître, et tous les enfants ont envie de savoir à quoi s'occupent leurs parents quand ils sont absents. Une fois lâchés dans un bureau, les enfants se comportent comme à la maison, ils fouillent partout, ouvrent les tiroirs et jouent avec toutes les machines, depuis le tampon-encreur jusqu'à la photocopieuse en passant par l'ordinateur. Et s'ils ne savent pas encore lire, ils ne manqueront pas d'apprendre, parce qu'il n'y a pas grand-chose à faire dans un bureau quand on ne sait pas lire. Non qu'il faille empêcher les enfants de vous aider. A cet âge-là, ce qu'ils préfèrent par-dessus tout, c'est avoir l'impression qu'ils aident leur papa et leur maman. Cette fois encore, cet élan ne leur est pas inculqué, il est inscrit dans leurs gènes.
Dans les sociétés tribales, on trouve tout naturel que les enfants aient envie de travailler avec leurs aînés. Le milieu du travail et le milieu social ne font qu'un. Ce n'est pas pour cela qu'on les exploite. Ce genre de choses n'a pas cours là-bas. On n'attend pas des enfants qu'ils travaillent comme des ouvriers à la chaîne. Mais comment apprendraient-ils, sinon en faisant?
Quand ils ont épuisé les différentes possibilités d'apprendre et de s'amuser qu'offre le lieu de travail de leurs parents, et cela vient vite, surtout si les tâches s'y répètent inlassablement, ils tournent leur regard ailleurs. Aucun enfant ne trouvera longtemps passionnant d'empiler des boîtes de conserve dans une épicerie. Le reste du monde l'attend dehors. Supposons qu'aucune porte ne lui soit fermée. Imagine ce qu'un jeune de douze ans avec un fort penchant pour la musique pourrait acquérir dans un studio d'enregistrement. Ce qu'un garçon du même âge qui s'intéresse aux animaux apprendraient dans un zoo. Ce qu'un gosse attiré par la peinture découvrirait dans un atelier d'artiste. Et ce qu'un gamin de dix ans attiré par le monde du spectacle pourrait apprendre dans un cirque.
Les écoles ne seraient pas frappés d'interdiction, bien-sûr, mais celles qui attireraient les étudiants sont celles qui les attirent à l'heure actuelle, beaux-arts, musique, danse, sport, etc. Les études supérieurs, celles qui mènent à la recherche et aux professions libérales, intéresseraient les étudiants plus âgés. L'important, c'est qu'aucune de ces écoles ne se rapprocherait d'un centre de détention. Elles auraient pour vocation de dispenser aux étudiants les connaissances qu'ils veulent vraiment acquérir et dont ils espèrent se servir un jour.
On pourrait m'objecter qu'un tel système éducatif ne produirait pas des étudiants "accomplis". Mais cette objection témoigne encore du manque de confiance dont votre culture fait preuve envers vos enfants. Sous prétexte que tout serait libre d'accès dans le monde, les enfants ne s'accompliraient pas sur le plan éducatif? L'idée est absurde, je ne vois pas pourquoi il en serait ainsi. Il n'y aurait pas d'âge limite à 18 ou 21 ans, à quoi bon? En fait, rares sont ceux et celles qui aspireraient à l'idéal de la Renaissance, à mon avis. Si vos connaissances se bornent à un seul domaine et suffisent à vous contenter, quel que soit celui que vous avez choisi, chimie, menuiserie, informatique ou anthropologie, cela ne regarde que vous. A chaque génération, il se trouve des candidats pour toutes les spécialités existantes. Je n'ai jamais entendu parler d'une discipline qui ait disparu faute de postulants. Chaque génération engendre des passionnés qui brûlent d'étudier les langues mortes, sont fascinés par les effets de la maladie sur le corps ou veulent percer les secrets du comportement des rats. Et cela vaudrait aussi pour le système tribal.
Evidemment, avoir des enfants dans les jambes quand on travaille nuit à l'efficacité et à la productivité. Mieux vaut les parquer dans les centres éducatifs: c'est terrible pour eux, mais excellent pour les affaires. Et le système que je viens d'exposer ne s'implantera jamais chez ceux de ta culture tant que vous ferez passer les affaires avant les êtres.
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Professeur cherche élève ayant désir de sauver le monde
de Daniel Quinn (en anglais: My Ishmael)
ISBN-10: 2843370701
ISBN-13: 978-2843370700
Description: Voici les termes de l'annonce passée par Ishmael, le gorille philosophe capable de communiquer par télépathie. Mais c'est une petite Julie de 12 ans, "assez vieille pour voler des voitures et vendre du crack" qui y répond. Au début perplexe, Ishmael acceptera de la former et découvrira une élève curieuse et attentive, spontanée et impertinente. Il l'amènera à s'intéresser à bien des maux de nos sociétés actuelles : l'abaissement du niveau d'instruction des jeunes, l'accroissement de la délinquance et de la violence, les inégalités sociales, les sectes... Une réflexion sur notre modèle de civilisation et notre notion du progrès.
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Gaia écrit maintenant sur son blog personnel Apprentissage Infini