jeudi 22 mars 2007

Réflexions d'un professeur

Les extraits suivants proviennent d'un texte de M. Yvan Petitclerc intitulé L'Expérience et L'Entrepreneurship vs L'Apprentissage Académique: Une Fausse Opposition.

Son texte complet peut être lu à l'adresse suivante : http://www.quebecoislibre.org/04/040915-3.htm



Jamais l'éventail de produits disponibles n'a été aussi vaste qu'aujourd'hui. Jamais paradoxalement n'a-t-on autant regardé très souvent la même chose. En éducation cela donne bien sûr le résultat suivant: jamais les sources d'accès au savoir autodidacte n'ont été aussi vastes. Jamais par ailleurs n'a-t-on été aussi incapable collectivement de le reconnaître.
Au Québec on a souvent l'habitude de passer d’un extrême à l'autre. Or, d'une société mal éduquée on est passé à une société de plus en plus incapable de concevoir, voire de découvrir, le talent hors du diplôme. Ce qui se fait au détriment de nombreux garçons, et de très nombreuses filles aussi d'ailleurs. On dit souvent que 20% des décrocheurs sont des élèves surdoués. Que fait-on pour reconnaître ce talent hors du diplôme qu'ils n'ont pas? Quel questionnement fait-on au Québec de la valeur intrinsèque de ce même diplôme? Aucun.




D'un côté, on nous dit que le diplôme universitaire est le summum de l'accomplissement académique, de l'autre, on demande à de futurs profs de passer un test de français après avoir obtenu ce même diplôme universitaire parce que socialement on accepte que celui-ci ne signifie même pas une sanction implicite de la qualité de la langue maternelle après avoir passé 17 ans dans le système scolaire. Faut le faire!
Il y a aussi tout le jeu du diplôme lorsqu'il s'agit de qualification requise pour enseigner à l'université par exemple. Quelqu'un ayant quinze ans d'expérience dans l'enseignement de l'anglais ne pourra souvent même pas enseigner l'anglais à l'université ou ailleurs parce qu'il ou elle n'a pas de diplôme en enseignement de l'anglais. Tout cela au coeur de structures et d'institutions qui, répète-t-on ad nauseam, préparent supposément pour le vrai monde.

Pendant ce temps qu'est-ce que l'histoire nous apprend concernant ce fameux vrai
monde, et particulièrement les hommes? Que c'est un ancien chauffeur de camion qui a contribué à populariser le Rock & Roll: Elvis Presley. Qu'aujourd'hui, le meilleur comédien américain aux commentaires les plus incisifs et perspicaces est un décrocheur: Chris Rock. Que c'est un homme à la riche culture autodidacte qui joua un rôle clé dans la découverte de nombres d'artistes majeurs américains tels Warhol et Lichtenstein: Ivan Karp.
Que nous apprend encore cette histoire passée comme récente? Que Larry King a obtenu son diplôme d'études secondaires avec à peine la note de passage. Que Gauguin était courtier avant de devenir peintre. Que le douanier Rousseau admiré des surréalistes avait tout d'un autodidacte. Que Arnold est un ancien champion bodybuilder qui est ensuite devenu acteur pour passer à la politique pour finalement devenir gouverneur de Californie. Que Herb Ritts est un ancien étudiant en économie qui est devenu l'un des plus importants photographes du jet set hollywoodien, etc.
Partout, dans tous les domaines, voilà de multiples exemples de gens qui ont fait une différence mais qui ont eu des parcours variables de non cheminement académique et/ou professionel conformiste. Sans compter les parcours parsemés de tentatives ratées: « Henry Ford et Walt Disney ont tous deux fait faillite dans leur
première entreprises. En 1978, Bernard Marcus et Arthur Blank étaient renvoyés
par le quincaillier américain Handy Dan... ce qui leur a permis de fonder la
chaîne Home Depot. En 1986, Sergio Zyman quittait Coca-Cola la mine basse après
avoir commis le plus gros flop marketing des vingt dernières années, le nouveau
Coke retiré des tablettes après 79 jours. Il a été consultant durant sept ans
jusqu'à ce que la direction de Coca-Cola le rappelle en 1993, convaincue qu'il
était le seul capable de revoir son marketing de fond en comble. » (Commerce
Magazine, Octobre 1997) Quelle compréhension a-t-on encore de la notion d'échec
dans le parcours d'une vie? Quelle compréhension a-t-on dans le monde scolaire,
comme dans l'ensemble de la société, de la plus grande complexité de cette même
notion que: « T'as un D, t'es pas bon »?


« Si j'avais réussi dès le début en tant qu'acteur, je ne me serais pas dirigé vers l'écriture. Et éventuellement l'écriture est devenue pour moi plus intéressante que le métier d'acteur. Voyez-vous, le succès n'est habituellement rien d'autre que le point
culminant d'échecs déterminants. À travers l'échec, j'ai trouvé différentes façons de résoudre mes problèmes et d'accéder à la culture mainstream hollywoodienne. Si j'avais eu du succès dès le début en tant qu'acteur, je me serais probablement arrêté à un certain niveau. » – Sylvester Stallone.


Puis cet autre « loser » pas très bon à l'école:
« Je n'ai jamais vraiment eu le tour avec l'école. Je ne pouvais jamais me concentrer sur les choses. Je ne voulais pas apprendre. Les mathématiques, c'était vraiment le
pire. Encore aujourd'hui, je ne peux pas me concentrer là-dessus. Les gens me disent toujours, "Tu aurais dû essayer plus fort." Mais en fait, j'ai triché beaucoup parce que je ne pouvais tout simplement pas m'asseoir et faire mes devoirs. La grande majorité de ce que j'ai appris à l'école fut en me tenant avec des amis et en rencontrant d'autres personnes. J'aimais faire du break dancing avec des copains devant d'autres jeunes de l'école pendant la pause du dîner. » – Leonardo DiCaprio.




Équivalences ou combinaisons reconnues


Dans la vraie vie, les critères académiques étroits pour être jugés aptes à faire un travail donné éclatent de plus en plus. Et de plus en plus de formes d'équivalences ou de combinaisons d'expériences sont reconnues. Sans compter les multiples bifurquements.
Ronald Reagan était acteur à Hollywood, il est devenu président des États-unis. Le rapper Snoop Dog livrait des journaux et travaillait dans une épicerie, il est aujourd'hui dans le business du Hip Hop. Bill Goldberg a étudié la psychologie puis est passé au football professionnel et ensuite au monde de la lutte entertainment. Mick Jagger est passé par la London School of Economics. Son comportement ressemble-t-il à celui de Jacques Parizeau? Elton John détestait l'école parce qu'il a su très tôt ce qu'il voulait faire dans la vie. J.K. Rowling, auteure de la fameuse série Harry Potter, a auparavant travaillé pour Amnesty International et la Chambre de Commerce de Manchester. Le rapper Ice Cube est lui passé non pas par une quelconque école de musique, mais par le Phoenix Institute of Technology. Et que dire, au Québec, des Lise Dion, Daniel Bélanger, etc.?

Dans le monde scolaire, on continue souvent d'aller en sens inverse. On demande aux gens d'avoir une maîtrise pour être chargé de cours! Et ce, en étant incapables de tenir compte de leur expérience accumulée ailleurs. Pendant ce temps des gens n'ayant complété que leur secondaire ou seulement quelques années de celui-ci s'appellent Kobe Bryant, Rupert Everett, Charles Sheen, John Travolta, Mario Lemieux, etc. Pas étonnant que la notion de culture entrepreneuriale soit si peu répandue, dans un cadre académique aussi peu apte à lire entre les lignes et qui fait preuve de si peu de discernement. Cette situation absurde ne peut plus durer.
Lorsque les historiens du futur se pencheront sur cela ils n'en reviendront tout simplement pas. Ils se diront alors: Vous voulez dire qu'ils avaient tous ces exemples passés devant eux et qu'ils étaient incapables de reconnaître la culture autodidacte et le talent hors du diplôme même dans les enceintes qui disaient préparer au vrai monde? Comment faisaient-ils pour ignorer toute l'histoire de l'humanité disponible comme référence et pour faire implicitement du statut de prof d'université une sorte de permis de penser? Étaient-ils tombés sur la tête?


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Gaia écrit maintenant sur son blog personnel Apprentissage Infini

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