jeudi 29 novembre 2007
Douze ans pour apprendre des mauvaises habitudes
publié dans Guide Ressources, janvier-février 1992
Il y a 26 ans, n’ayant rien de mieux à faire, j’ai essayé l’enseignement. Je suis professeur diplômé de langue et de littérature anglaises, mais je n’enseigne pas l’anglais, j’enseigne l’école – et je gagne des prix à faire ça.
Bien sûr, enseigner signifie différentes choses selon les endroits, mais il y a sept leçons capitales qui sont enseignées partout.
Les sept leçons capitales
Une femme m’a écrit récemment : « La chose la plus importante pour les enfants est qu’il y ait un certain sens à ce qu’ils apprennent, qu’ils comprennent que chaque chose s’intègre à un système, qu’ils ne soient pas seulement soumis à un déluge d’informations qu’ils doivent absorber sans pouvoir rien dire. C’est ça l’important : faire comprendre, rendre cohérent. »
Elle se trompe. La première chose que j’enseigne, c’est la confusion. J’enseigne que rien n’est relié à rien. J’enseigne des tas de choses, trop de choses : l’orbite des planètes, la loi des grands nombres, les adjectifs, la danse, la gymnastique, le chant, les exercices de feu, les langages informatiques, les réunions de parents, les congés pédagogiques, les tests standardisés et une ségrégation par l’âge qui ne ressemble à rien de ce que l’on voit dans le monde extérieur.
Ce manque de cohérence se retrouve même dans les meilleures écoles. Heureusement, les enfants n’ont pas de mots pour décrire la panique et la colère qu’ils ressentent devant la violation constante de l’ordre naturel des choses et devant ce qu’on essaie de faire passer pour une éducation de qualité. On dirait que les éducateurs croient qu’il vaut mieux quitter l’école avec un jargon superficiel dérivé de notions d’économie, de sociologie et de sciences naturelles plutôt qu’avec une authentique soif d’apprendre. Alors qu’une éducation de qualité exigerait un approfondissement des connaissances, les enfants ne perçoivent que de la confusion de la part des trop nombreux adultes qui leur enseignent, sans lien entre eux, qui prétendent, pour la plupart posséder une expertise qu’ils n’ont pas.
Pensez à tous les grands apprentissages naturels : marcher, parler, suivre le soleil de l’aube au crépuscule, regarder les gestes d’un fermier, d’un forgeron, d’un cordonnier; regarder votre mère préparer un repas de fête. Dans chacune de ces activités, les parties sont en harmonie parfaite, chaque geste se justifie et éclaire le passé et le futur. À l’école, on n’apprend pas comme cela, dans aucun cours.
J’enseigne la séparation, une fragmentation infinie qui s’oppose à la cohésion. Ce que je fais ressemble plus à un télé-horaire qu’à un schéma ordonné. Dans un monde où la famille n’est plus qu’un fantôme parce que les deux parents travaillent, où les déménagements, les changements d’emploi ou l’ambition les ont rendus incapables de fonctionner comme une famille, j’enseigne comment accepter que notre destin soit la confusion.
La deuxième chose que j’enseigne c’est la « position de classe ». J’enseigne que vous devez rester dans le groupe auquel vous appartenez. Au fil des années, les étiquettes qu’on colle aux enfants se sont multipliées au point qu’il est difficile de retrouver l’être humain derrière ses étiquettes. Classer les enfants semble une entreprise d’envergure fort profitable, même si le but poursuivi n’est pas facile à saisir. Je ne sais pas pourquoi les parents laissent faire l’école sans protester.
Mais ce n’est pas de mes affaires. Mon travail consiste à faire en sorte que mes élèves apprécient d’être enfermés avec d’autres enfants qu’on a classés comme eux. Du moins à ce qu’ils fassent contre mauvaise fortune bon cœur. Si je fais bien mon travail, les enfants ne peuvent même pas s’imaginer ailleurs parce que je leur ai montré comment envier les classes plus fortes et comment mépriser les classes allégées. C’est la grand leçon de l’école de la compétition. Vous apprenez à connaître votre place.
En dépit des statistiques qui disent que 99% des enfants sont dans leur groupe pour y rester, j’encourage toujours mes enfants à viser des résultats supérieurs, en leur faisant miroiter la possibilité d’accéder à une classe plus forte. Je leur dis souvent qu’un jour, leur employeur les engagera à cause de leurs bons résultats scolaires, même si je sais que les employeurs sont complètement indifférents à ce genre de choses. Je ne mens jamais carrément mais j’en suis venu à la conclusion que la vérité et l’enseignement sont incompatibles, comme Socrate l’a compris il y a 2000 ans. Les enfants apprennent que chacun a sa place dans la pyramide et qu’il n’y a pas moyen d’y échapper sauf par la magie de la classification. Vous devez rester où on vous à mis jusqu’à ce que le miracle survienne.
Ma troisième leçon est l’indifférence. J’enseigne aux enfants à ne pas accorder trop d’importance aux choses, quelles qu’elles soient, même s’ils doivent faire semblant du contraire. Subtilement, je leur demande de s’impliquer totalement dans mes cours, de montrer de l’intérêt. C’est touchant, ça impressionne tout le monde, même moi. Quand je suis à mon meilleur, je planifie mes cours pour produire cet élan d’enthousiasme. Mais quand la cloche sonne, j’insiste pour qu’ils abandonnent tout ce que nous étions en train de faire et qu’ils se rendent rapidement à leur prochain cours. Il doivent s’allumer et s’éteindre comme des commutateurs. On ne finit jamais rien d’important, ni dans ma classe, ni dans aucune autre classe. Les élèves expérimentent la vie comme un plan de paiement par mensualités.
En fait, la cloche leur enseigne qu’aucun travail ne mérite d’être terminé. Alors, pourquoi s’en faire? Des années de cloche révèlent la véritable nature du temps scolaire, elles détruisent le passé et le futur, elles rendent tous les intervalles parfaitement identiques, comme une carte topographique montre chaque montagne et chaque rivière de la même manière mais en ne disant rien de la vie qui les habite. Les cloches inoculent le virus de l’indifférence.
Ma quatrième leçon est celle de la dépendance émotionnelle. Avec mes étoiles et mes corrections en rouge, mes sourires et mes grimaces, mes récompenses et mes punitions, je leur apprends à subordonner leur volonté à l’ordre hiérarchique prédéterminé. Dans une école, n’importe quelle personne qui détient l’autorité peut vous accorder ou vous enlever des droits, sans possibilité d’appel, parce que les droits n’existent pas, même pas celui de la liberté d’expression. Comme les enfants et les adolescents essaient constamment d’affirmer leur individualité, je tranche rapidement et sans nuance. L’individualité est dangereuse parce qu’elle sabote toutes les tentatives de classification.
Exemple courant : les enfants cherchent à être seuls un moment prétextant aller aux toilettes, ou aller boire. Je sais que ce n’est pas vrai mais je leur permets de me tromper parce que ça les conditionne à dépendre de mon bon vouloir. Les enseignants ne reconnaissent pas de droits, seulement des privilèges qui peuvent être retirés.
La cinquième chose que j’enseigne est la dépendance intellectuelle. Les bons citoyens attendent qu’un professeur leur dise quoi faire. Nous attendons que d’autres gens, mieux formés que nous, donnent une signification à nos vies. C’est la leçon la plus importante. Seulement moi – ou plutôt seuls ceux qui me payent peuvent décider ce que vous devez étudier. L’expert fait tous les choix importants. Si on me dit que l’évolution est un fait plutôt qu’une théorie, je leur répète comme on me l’a dit, et je punis ceux qui ne sont pas d’accord. Ce pouvoir de contrôler ce que les enfants pensent me permet de séparer ceux qui réussissent de ceux qui échouent. Les enfants qui réussissent pensent comme je leur dis sans trop résister et avec un certain enthousiasme. Parmi les millions de choses valables à étudier, je choisis les rares auxquelles nous consacrons du temps. Ou bien c’est mon employeur qui le fait à ma place. Ce sont ses choix. Pourquoi devrais-je argumenter? La curiosité n’a pas de place dans mon travail, seulement la conformité.
Évidemment, les mauvais enfants n’acceptent pas cela, même s’ils n’ont pas les concepts pour savoir ce qu’ils combattent. Heureusement, il y a des méthodes pour casser ceux qui résistent. C’est plus difficile évidemment si l’enfant a des parents qui viennent à son aide, mais ça arrive de moins en moins en dépit de la mauvaise réputation des écoles. En 26 ans d’enseignement, je n’ai jamais rencontré un seul parent, de la classe moyenne, qui croyait que l’école de son enfant était une mauvaise école. C’est un bel exemple de ce qui arrive quand les parents eux-mêmes ont bien appris les sept leçons.
Les bons citoyens attendent l’expert qui leur dira quoi faire. Toute notre économie dépend de cette leçon. Pensez à ce qui arriverait si nos enfants n’étaient pas conditionnés à être dépendants. Les distractions commerciales de toutes sortes, incluant la télévision, disparaîtraient à mesure que les gens réapprendraient à créer leur propre plaisir. Les conseillers et les thérapeutes de tout acabit verraient diminuer avec horreur la cohorte des handicapés psychiques. Une bonne partie des avocats, des médecins et des ingénieurs disparaîtrait en même temps que l’industrie du vêtement et les professeurs à moins qu’un approvisionnement garanti de gens incapables ne continue de sortir de l’école chaque année.
Ne votez pas trop rapidement pour une réforme radicale de l’école si vous voulez continuer à recevoir votre chèque de paie. Nous avons construit un mode de vie qui dépend de gens qui font ce qu’on leur dit parce qu’ils ne savent pas eux-mêmes comment décider quoi faire. C’est une des leçons les plus importantes que j’enseigne. Pour l’amour de Dieu, ne faites pas couler le bateau!
Ma sixième leçon est que l’estime de soi dépend des autres. Si vous avez déjà essayé de faire rentrer dans le rang un enfant convaincu que ses parents vont l’aimer peu importe ce qu’il fait, vous savez qu’il est impossible de faire plier des gens sûrs d’eux-mêmes. Comme notre monde ne survivrait pas longtemps à une marée de gens sûrs d’eux, j’enseigne que votre estime de vous-même dépend de l’opinion d’experts.
À chaque mois, les parents reçoivent un rapport très précis, qui leur dit à quel pourcentage ils devraient être mécontents de la performance de leurs enfants. L’écologie de la bonne éducation, tout comme l’économie, dépend d’une insatisfaction perpétuelle. Même si on accorde peu de temps ou de réflexion à fabriquer ces dossiers quantitatifs, leur poids force l’enfant à tirer certaines conclusions sur lui-même et sur son avenir : il est un incapable. L’auto-évaluation, la clé de voûte de tous les grands systèmes philosophiques, n’entre jamais en ligne de compte.
Grâce aux dossiers, aux diplômes, et aux tests, les enfants apprennent à ne pas se faire confiance ou à ne pas faire confiance à leurs parents, mais en revanche à se fier à l’évaluation d’officiels patentés. On doit dire aux gens ce qu’ils valent.
La septième leçon : vous ne pouvez pas vous cacher. Les enfants sont constamment surveillés : mes collègues et moi-même les avons continuellement à l’oeil. Les enfants n’ont aucun temps à eux ni espace privé. Il n’y a que cinq minutes entre les cours pour empêcher toute fraternisation indue. On encourage les élèves à révéler les secrets des autres. J’encourage également les parents à me fournir des rapports sur les désirs profonds de leurs enfants.
Je donne une sorte d’enseignement étendu appelé « devoirs » pour que la surveillance se fasse aussi à la maison. Autrement, les élèves pourraient avoir du temps pour apprendre quelque chose auprès de leur père ou de leur mère, ou en côtoyant quelqu’un du voisinage. La tentation d’apprendre autrement est toujours prête à s’emparer des esprits inoccupés.
À cause de la surveillance constante et du manque d’intimité, un enfant apprend qu’il ne peut faire confiance à personne et que l’intimité n’est pas légitime. La surveillance est une idée centrale dans des oeuvres comme La République, Le Léviathan ou La Nouvelle Atlantide. Les hommes qui ont écrit ces livres, tous sans enfants, ont découvert la même chose : on doit surveiller de près les enfants si on veut garder un contrôle serré sur la société.
À chacun sa place dans la pyramide
La grande victoire du système d’éducation obligatoire, c’est que, même parmi les meilleurs enseignants et les meilleurs parents, seulement quelque uns peuvent imaginer les choses différemment. « Les enfants doivent savoir lire et écrire, n’est-ce-pas? Ils doivent savoir additionner et soustraire, n’est-ce-pas? Ils doivent apprendre à obéir s’ils veulent conserver un emploi. »
Pour se perpétuer, une société comme la nôtre a besoin que le gouvernement ait le monopole sur l’éducation et que cette dernière soit obligatoire. Jadis, nous avions aussi l’école mais pas trop et seulement jusqu’où un individu le voulait. Les gens apprenaient à lire, à écrire et à compter. La vérité, c’est qu’il faut à peu près 100 heures pour transmettre les bases de la lecture, de l’écriture et des mathématiques pour autant que les auditeurs veuillent apprendre. Des millions de personnes apprennent ça par elles-mêmes.
Ce n’est pas vraiment difficile. L’école insiste sur les « apprentissages de base », qui sont en fait un écran de fumée derrière lesquel les écoles s’approprient les enfants pendant douze ans pour leur inculquer les sept leçons.
Les écoles enlèvent aux enfants la possibilité de jouer un rôle actif dans la vie communautaire – elles détruisent même les communautés en confiant l’entraînement des enfants à des experts patentés – et elles nous assurent que nos enfants ne grandiront pas comme des humains complets. Aristote disait que sans un rôle actif dans la vie communautaire, vous ne pouviez pas espérer devenir une personne saine. Prenez le temps d’observer la prochaine fois que vous passerez près d’une école ou d’un foyer pour personnes âgées. Vous verrez qu’il avait raison.
Savoir si nous devrions avoir un programme national ou non est un faux débat : nous en avons déjà un, en sept leçons bien définies. Un tel programme produit une paralysie physique, intellectuelle et morale. Aucun changement de contenu ne pourra suffire à renverser ses effets pervers. L’hystérie actuelle à propos des résultats scolaires de plus en plus faibles nous fait passer à côté du problème. Les écoles enseignent exactement ce qu’elles sont supposées enseigner : comment être un bon Égyptien et reconnaître sa place dans la pyramide.
L’école : une agence d’emploi
Rien de cela n’est inévitable. Rien de cela n’est impossible à changer. Il y a plusieurs façons d’élever de jeunes personnes et il n’y en a pas une qui soit la bonne. Nous nous en rendrions compte si nous brisions le pouvoir de l’illusion créée par l’école. Contrairement à ce que les médias claironnent, la compétition internationale n’est pas une menace mortelle pour notre pays. L’économie mondiale n’a rien à voir avec le besoin d’emplois, de maisons à prix abordable, d’écoles et de services de santé adéquats, d’un gouvernement honnête et responsable, d’un renouveau social et culturel et de la simple justice. Toutes les ambitions d’hégémonie internationale sont fondées sur une définition de la productivité et de la vie étrangère à la réalité humaine. Ceci serait plus évident si nous redécouvrions le sens de la vie là où il est : dans la famille, les amis, le passage des saisons, les cérémonies et les rituels simples, dans la curiosité, la générosité, la compassion, le fait de rendre service, dans l'’ndépendance et l'intimité, dans toutes ces choses gratuites et peu coûteuses qui créent les vraies familles, les vrais amis et les vraies communautés. Nous serions alors tellement autosuffisants que nous n’aurions même plus besoin de notre suffisance matérielle actuelle.
Pensez encore une fois aux sept leçons de l’école : confusion, assignation à une classe, indifférence, dépendance émotionnelle et intellectuelle, estime de soi conditionnelle et surveillance. C’est un très bon entraînement pour la sous-classe des gens à jamais incapables de trouver le centre de leur propre vie. Il n’est pas étonnant que Socrate se soit scandalisé qu’on l’accuse d’avoir exigé de l’argent pour enseigner. La professionnalisation de l’enseignement remplit une fonction qui reviendrait à tout le monde dans une communauté saine et rend difficiles des choses intrinsèquement faciles à apprendre – comme lire, écrire et compter – en insistant pour qu’elles soient enseignées selon des procédures pédagogiques strictes.
Sans exploiter la peur, l’égoïsme et l’inexpérience des enfants, les écoles ne survivraient pas longtemps – et moi non plus en tant que professeur. Une école qui oserait enseigner le sens critique ne survivrait pas très longtemps. L’école a remplacé l’Église dans notre société séculière et, comme l’Église, on droit croire ses enseignements sur parole.
Personne ne sort intact du programme des sept leçons, même pas les professeurs. La méthode est profondément anti-éducative. On ne pourra pas la rafistoler. Le plus ironique, c’est que le besoin de l’école d’être repensé de fond en comble coûterait tellement moins que ce que nous dépensons maintenant que des intérêts très puissants ne peuvent laisser faire ça. Comprenez-moi bien, le domaine dans lequel je suis est d’abord et avant tout une agence d’emploi. Nous refusons de réduire nos activités ou de diversifier nos produits, même pour aider les enfants à bien grandir. Le système éducatif est une industrie qui n’est sujette ni aux procédures comptables reconnues ni au sain scalpel de la compétition.
Nous avons besoin d’une sorte de système de libre-marché, où des écoles familiales, des petites écoles d’entreprises, des écoles confessionnelles, des écoles de métiers et des école rurales sont en compétition avec les écoles publiques.
Ces choix existent en miniature à l’heure actuelle, reliques d’un passé fort et vigoureux, mais ils ne sont accessibles qu’aux courageux, aux chanceux, aux riches ou aux débrouillards.
Détrompez-vous si vous pensez que de bons programmes, du bon équipement ou de bons professeurs sont cruciaux pour l’apprentissage scolaire de vos enfants. Les pathologies dont j’ai parlé viennent du fait que les leçons de l’école empêchent les enfants d’avoir des rendez-vous importants avec eux-mêmes et avec leurs familles, de trouver leur propre motivation et d’apprendre la persévérance, la confiance en soi, le service, le courage, la dignité et l’amour qui sont les choses importantes qu’on apprend à la maison.
Il y a 30 ans, on pouvait encore apprendre ces choses après l’école. Mais la télévision a maintenant pris presque tout le temps qui reste et la combinaison de la télévision et du stress particulier aux familles à double revenus ou aux familles monoparentales a englouti ce qui était le temps en famille. Nos enfants n’ont plus de temps pour grandir comme des humains complets et ils n’ont que des terrains vagues pour le faire. Nous serons bientôt forcés d’apprendre la valeur des choses non matérielles : le prix de la survie exigera un niveau de vie plus modeste.
On ne peut pas apprendre ces leçons dans les écoles actuelles. Allez à l’école, c’est comme commencer la vie avec une sentence de 12 ans de pénitencier où les seules choses vraiment apprises seront des mauvaises habitudes. Je le sais. J’enseigne l’école et je gagne des prix à le faire.
Traduit et adapté de l’américain par Christian Lamontagne
Ce texte a déjà été publié dans le magazine américain The Sun et il est reproduit avec la permission de l’auteur.
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Gaia écrit maintenant sur son blog personnel Apprentissage Infini
mercredi 22 août 2007
De Saines Réactions
"Presque personne n’aime l’école telle qu’elle est aujourd’hui, telle que nous l’avons connue, telle que nos enfants la vivent. Nul besoin de chiffres pour appuyer mes dires, toutes les recherches le confirment. Les abandons, devenus un phénomène de masse en éducation, le démontrent suffisamment. Plus de 40 pour cent de la clientèle scolaire est touchée, ce qui représente des milliers de jeunes chaque année. Je peux vous assurer que ces jeunes ne sont pas des «inadaptés sociaux », mais de jeunes résistants qui ont développé une conscience aiguë et critique du monde « incompréhensible » qu’on leur impose, un monde plein de contradictions et une vie plutôt misérable. Leurs réactions, même si elles nous dérangent, sont de saines réactions."
- Constantin Fotinas (Bavardages d’un Vieux Prof avec son Petit-Fils, Éditions Écosociété 1998)
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Gaia écrit maintenant sur son blog personnel Apprentissage Infini
samedi 14 juillet 2007
vendredi 29 juin 2007
vendredi 15 juin 2007
Poésie
- Julien Green
Mon premier livre en anglais, p.63, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche n° 5006
vendredi 8 juin 2007
LEMAQ en vacances... enfin, presque !
Vous aurez probablement remarqué que nous sommes un peu moins bavards depuis quelques semaines.
En effet, nous sommes présentement "enceintes" d'idées bourgeonnantes et qui demandent à être dorlotées pour voir le jour. Malgré que nos publications seront plus espacées durant l'été, nous ne sommes pas vraiment en vacances et nous continuerons, espérons-le, à vous inspirer et à alimenter vos réflexions puisque nous accordons la même attention aux nôtres.
Vos suggestions et commentaires sont toujours les bienvenus et nous aident à cibler les besoins de nos lecteurs. N’hésitez pas à nous les transmettre, même pendant l’été !
Bon été à vous et à vos familles,
Les membres du collectif LEMAQ
«Mon éducation, je l'ai faite pendant les vacances »
Osbert Sitwell
«Le secret du succès est de faire de ta vocation tes vacances »
Mark Twain
mercredi 30 mai 2007
La meilleure «gouvernance»
par Henry David Thoreau
p.9 J’accepte de tout coeur la devise suivante : « Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie d’effet plus rapidement et plus systématiquement. Exécutée, elle se résume à ceci, que je crois aussi : « Le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout » ; et quand les hommes y seront prêts, tel sera le genre de gouvernement qu’ils auront.
p. 11 Mais pour parler pratiquement et en citoyen, à la différence de ceux qui se baptisent antigouvernementaux, je réclame, non une absence immédiate de gouvernement, mais immédiatement un meilleur gouvernement. Que chacun publie quel serait le genre de gouvernement qu’il respecterait et nous aurions déjà fait un pas vers sa réalisation.
Après tout, la raison pratique pour laquelle, une fois le pouvoir échu aux mains du peuple, une majorité reçoit la permission de régner, et continue de la détenir pour une longue période, ce n’est pas parce qu’elle court plus de risques d’avoir raison, ni parce que cela semble plus juste à la minorité, mais parce qu’elle est physiquement plus forte. Or, le gouvernement où la majorité décide dans tous les cas ne peut se fonder sur la justice, y compris au sens restreint où l’entend l’humanité. Ne peut-il exister un gouvernement dans lequel les majorités ne décident pas virtuellement du juste et de l’injuste, mais bien plutôt de la conscience? – dans lequel les majorités ne décident que de ces questions où la règle de l’utilité est opérante ? Le citoyen doit-il un seul instant, dans quelque mesure que ce soit, abandonner sa conscience au législateur? Je pense que nous devons d’abord être des hommes, des sujets ensuite. Le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j’aie le droit d’adopter, c’est d’agir à tout moment selon ce qui me paraît juste.* On dit justement qu’une corporation n’a pas de conscience; mais une corporation faite d’êtres consciencieux est une corporation douée d’une conscience. La loi n’a jamais rendu les hommes plus justes d’un iota; et, à cause du respect qu’ils lui marquent, les êtres bien disposés eux-mêmes deviennent les agents de l’injustice.
p. 22 Ceux qui, tout en critiquant le type et les décisions d’un gouvernement, lui donnent leur allégeance et leur soutien sont assurément ses soutiens les plus scrupuleux et donc souvent les obstacles les plus sérieux à la réforme.
p.34 Je ne suis pas né pour être contraint. Je veux respirer comme je l’entends.
p.47 L’autorité du gouvernement, même si elle est telle que j’accepte de m’y soumettre – car j’obéirai volontiers à ceux qui en savent plus que moi et qui font mieux que moi, et à plusieurs égards, même à ceux qui n’en savent pas autant et font moins bien -, reste impure : pour être strictement juste, elle doit posséder l’agrément et le consentement des gouvernés. Elle ne peut avoir de droit absolu sur ma personne et ma propriété sinon celui que je lui concède.
p.48 Il me plaît d’imaginer un État qui puisse se permettre d’être juste envers tous les hommes et qui traite l’individu avec respect comme un voisin; qui ne jugerait pas sa propre quiétude menacée si quelques-uns s’installaient à l’écart, ne s’y mêlant pas, en refusant l’étreinte sans pour autant s’abstenir de remplir tous les devoirs de bons voisins et de compatriotes. Un État qui porterait ce genre de fruit, et le laisserait tomber aussi vite qu’il a mûri, ouvrirait la voie à un État encore plus glorieux et parfait, que j’ai également imaginé sans le voir nulle part.
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Après la lecture de ce texte, nous suggérons de faire un petit exercice qui pourrait s’avérer amusant, peut-être même utile :
Relisons-le en remplaçant les mots «gouvernement, État » par « association », les verbes
LEMAQ
* caractère gras ajouté par LEMAQ
mardi 22 mai 2007
Bulles
"L'école de la vie n'a point de vacances."
- Proverbe français
"Quand maman est fatiguée, pourquoi c'est moi qui doit aller se coucher ?"
- Paroles d’enfant
vendredi 18 mai 2007
Si mes enfants étaient allés à l’école, j’aurais pu faire carrière dans ma profession !
J’étais infirmière puéricultrice, je serais aujourd’hui cadre infirmier, surveillante d’un service hospitalier ou enseignante dans une école d’infirmière puéricultrice...ou alors j’aurais fait 13 ans dans le même service de Protection Maternelle et Infantile des Mureaux, sans réelle promotion ! Est-ce que cela m’aurait plus épanouie ?
Dans ma non profession, j’ai exploré à fond tout un tas de compétences, j’ai découvert des perspectives passionnantes à mon rôle de mère à 100%. Je suis devenue un cadre supérieur dans ce domaine. Ce que je pourrais exploiter plus tard, si je retrouve le monde du travail.
Si mes enfants étaient allés à l’école, j’aurais aujourd’hui une vraie reconnaissance sociale en ayant poursuivie ma profession.
Et au moins à la question : « Quelle est votre profession ? » je ne répondrais pas « sans ! ». Mais cette réponse peut souvent être enrichie et les débats qui s’en suivent sur la liberté du choix d’instruction sont souvent très riches.
Et aurais-je été aussi mobile que je l’ai été ? Serions-nous installés dans une maison en bord de mer ? Sans travail pour moi, nous avons pu déplacer toute la famille facilement quand le papa s’est vu offrir une opportunité à Saint Malo. Et nous pouvons librement le rejoindre à Paris, maintenant qu’il y est reparti sans pour autant renoncer à notre vie de bord de mer ; parce que je n’ai pas d’emploi, et car les enfants ne vont pas au collège.
Si mes enfants étaient allés à l’école, nous aurions deux salaires et donc plus d’argent.
Que nous aurions dépensé en mode de garde, en dépenses diverses et variées (vêtements, cantine, moyens de transport...) pour faire face à une socialisation importante.
Difficile de faire avec un seul salaire, mais les dépenses sont moins importantes tout de même et plus facile à compresser.
Si mes enfants étaient allés à l’école, leurs frais de scolarité n’auraient pas été à notre charge.
A condition de les scolariser dans le public tout de même. Et certes, je paye tous les manuels ou méthodes diverses, les sorties .... mais au moins nous avons le choix de ce que nous achetons, et sommes capables donc de cibler nos préférences, et mes enfants ne sont pas tributaires de choix qu’ils n’ont pas fait.
Je me sens ainsi également complètement responsable de l’éducation de mes enfants, et non dépendante d’un état.
Si mes enfants allaient à l’école, ils auraient pleins de copains.
Et passeraient plus de temps avec leurs copains qu’avec leur famille, finalement ils seraient plus liés à leur groupe d’amis qu’à leur famille. A la maison, les enfants sont meilleurs amis entre frères, à force d’être ensemble des liens très forts se sont établis, une grande complicité entre eux existe. Ils ont des copains, mais n’en sont pas dépendants. Ils aiment être en compagnie d’autres jeunes, mais apprécient largement de se retrouver seuls tranquilles à la maison.
Si mes enfants allaient à l’école, j’aurais plus de temps pour moi.
Et donc j’irais travailler, et je ferais la double journée des femmes qui ont une activité salariée et une famille à élever...Aurais-je plus de temps pour moi ?
Le temps où j’élève mes enfants ne correspond qu’à à peine un cinquième de ma vie (et oui ! je vais vivre jusqu’à au moins 100 ans et en bonne santé bien sûr !), c’est donc peu long, je crois que je peux bien leur consacrer ce temps. Du coup, à être autant avec eux, je connais bien mes enfants et ai toujours eu l’impression de bien profiter d’eux, ce qui fait que je n’ai pas de difficulté à les laisser partir et ne ressens pas de manque quand ils ne sont pas avec moi. C’est vrai que ce temps passe vite, je n’aurai pas de regret, j’en profite au maximum.
Si mes enfants allaient à l’école, nous aurions une vie mieux réglée, plus régulière.
C’est sûr qu’à la maison, un rien vient bouleverser le déroulement de la journée, et il faut avoir de la volonté pour ne pas se laisser déconcentrer par la vie !(mais n’est-ce pas plutôt ça la vie, être disponible à la vie)
Quelle liberté aussi !
Et la vie comporte moins de stress pour les enfants : réveil plus naturel, à une heure plus raisonnable, repas équilibrés et pris dans le calme, bref un rythme de vie beaucoup moins stressant qui laisse place aux initiatives personnelles. Pour les enfants et également pour moi ! J’ai aussi moins besoin de les presser et d’être exigeante (sur la tenue vestimentaire par exemple) et j’ai donc moins de raison de râler.
Si mes enfants allaient à l’école, le poids de leurs études ne pèserait pas sur moi.
C’est sûr que c’est une sacrée responsabilité et j’essaye d’aménager les choses au mieux pour moi aussi. Mais, au moins, je me sens responsable jusqu’au bout, et actrice dans cette responsabilité et non totalement démunie face à un corps enseignant tout puissant. Je connais beaucoup de parents désemparés et impuissants face à ce que l’on propose à leurs enfants comme orientation en fin de collège.
Si mes enfants allaient à l’école,...
Si mes enfants allaient à l’école,...
Si mes enfants allaient à l’école,...
Je crois que je pourrais continuer longtemps comme cela.
J’ai été un peu nombriliste dans ce post, et ai peu parlé de ce que cela apporte à mes enfants de ne pas aller à l’école. J’ai peu parlé en terme d’apprentissage, et en terme de liberté d’instruction. En 12 années d’IEF peut être que je fatigue un peu sur ce thème. De plus, j’ai fêté mes 40 ans, il y a peu, et c’est le moment de me pencher un peu plus sur moi...c’est souvent l’heure du bilan personnel. C’est ce qui m’arrive, après m’être beaucoup interrogée sur mes enfants, j’observe un retour sur moi. Se profile à l’horizon le moment où mes enfants vivront leur vie hors de la famille et je sens que, doucement, se prépare ce moment dans ma tête. C’est important, car ils occupent une place énorme dans mon quotidien.
vendredi 11 mai 2007
Réflexion sur l'Aspect Légal - Partie 6
Partie 2 : L'éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec
Partie 4 : L'Éducation maison,la Loi sur la protection de la jeunesse et la Loi sur l'instruction publique
Partie 5 : L'Éducation maison et la Loi sur l’instruction publique : une autre interprétation
Partie 6 : L’Éducation maison et notre Réflexion sur la Légitimité d’une loi. Antigone. Instrument international des Nations Unies : Déclaration sur le progrès et le développement dans le domaine social.
À NOTER: Il est important de garder à l'esprit que cette série d’articles sur la légalité de l'école maison ne constitue pas un avis légal provenant d'un professionnel du droit. Le contenu de ces articles se veut uniquement un outil de réflexion et d'information générale sur le thème de la légalité.
L’éducation Maison et la loi : Réflexion sur la légitimité d'une loi. Antigone. Instrument international des Nations Unies: Déclaration sur le progrès et le développement dans le domaine social.
Les articles précédents ont démontré que l'école maison est une pratique légale au Québec. Cependant, dans la vie quotidienne, bien des parents ne sont pas au courant de cette possibilité. Il en est de même pour bien des enseignants et autres intervenants scolaires mais la tendance semble aller à une meilleure information auprès de ces professionnels.
L'éducation à la maison n'est pas seulement le fait de familles qui désirent avant tout que leur enfant intègre le système scolaire un jour. Ce n’est pas seulement le fait de familles qui optent temporairement pour l'éducation à domicile. Ce ne sont pas toutes les familles qui désirent que leur commission scolaire s'implique dans la reconnaissance et le soutien de ce qu'elles vivent. Pour certaines familles, l'intervention de leur commission scolaire est une ingérence et un non-sens. Des familles en viennent à choisir l'école maison par défaut, parce qu'il n'y a pas d'autres solutions pour protéger le développement de leur enfant. Malheureusement, l'école n'est pas toujours le beau milieu de vie que la société souhaite pour les enfants québécois. Pour ces familles, une coupure franche et nette avec le système scolaire est la seule façon de faire cesser une agression morale sur leur enfant. Enfin, il y a d'autres familles qui intègrent l'école maison comme un mode de vie. Ce mode de vie peut être modelé par des convictions profondes qui sont difficiles à arrimer avec une intervention gouvernementale dans leur vie comme il peut être en harmonie avec la culture ambiante. Ainsi, des familles désirent faire évaluer régulièrement leur enfant, montrant en cela un certain conformisme envers les normes sociales en éducation. Mais d'autres jugent absolument inacceptable de rendre des comptes à une commission scolaire ou à un professionnel pouvant être porteur de valeurs sociales différentes, voire même incompatibles avec les convictions dans lesquelles leur famille s'investit. Ces relations possiblement conflictuelles entre une famille et une commission scolaire peuvent aspirer à devenir harmonieuse si la loi sur l'instruction publique est interprétée avec souplesse et avec un sens éthique. Nous avons proposé une alternative mais nous ne sommes pas juristes et ne pouvons pas par conséquent trancher la question. Dans l'optique où la souplesse nécessaire pour vivre une école maison pleinement maison n'est pas consistante avec la loi, nous sommes dans l'obligation de soulever la question de la légitimité de la loi sur l'instruction publique.
Les lois doivent nous aider à vivre en société. Le rapport entre lois et sociétés en est un d'interdépendance. Il n'y a pas de lois sans société ni sociétés sans loi (qu'une loi soit tacite ou explicite). Les lois peuvent modeler l'évolution d'une société mais la société peut aussi modifier ces lois lorsqu'elles ne répondent plus à ses aspirations, à ses valeurs, à son développement, à ses problématiques. Ainsi, la loi sur l'instruction publique a été entérinée par notre société avant que le mouvement de l'école maison y ait une expression. La question qui se profile est de déterminer si la loi est suffisamment souple pour englober l'école maison en tant que mouvement et non en tant que choix éducatif à la remorque d'une technocratie éducative ou d'un socialisme. Chaque être humain se confronte à la loi des hommes de sa société par le contrôle de soi plus ou moins développé qu'il met en oeuvre. Mais cette confrontation atteint sa pleine expression lorsqu'il y a affrontement entre la loi humaine et la loi du coeur, cette loi que la dignité humaine, dans tout ce qu'elle comporte de noblesse, lui dicte. Certains parleront même de loi divine. L'histoire d'Antigone que nous a laissé le poète grec Sophocle il y a environ 2500 ans illustre bien cette opposition possible entre les lois d'une société et les lois que notre compétence personnelle nous somme d'obéir. Antigone ira enterrer son frère Polynice malgré l'interdiction de sépulture que sa société a fait tomber sur lui. Elle est prête à affronter la colère, le mépris et la sanction (ici la mort) de sa société pour agir selon sa conscience. L'école maison peut s'inscrire comme une action relevant de la désobéissance civile, de la non-violence, de la résistance politique.
Le point est que la diversité des pratiques de l'école maison ne trouve pas un arrimage parfait avec la loi sur l'instruction publique. Le mouvement de l'école maison est une démonstration de la vitalité de la réponse des parents envers leur rôle de citoyen ainsi qu'envers les lacunes du système d'éducation publique ou privé concernant les besoins de leurs familles. La loi sur l'instruction publique a de forte chance d'être interprétée selon la culture dominante dans la société québécoise, culture dont les divers intervenants des services publics dédiés aux enfants risquent fort d'en être imprégnés. Cette culture dominante est certes concernée par le bien-être des enfants. Cependant, ce bien-être est conçu selon un ensemble de valeurs dominées par le matérialisme. Ainsi, parce que la grande majorité des deux parents continuent de travailler tout en fondant une famille, la société valorise des programmes, des lois, des mesures qui favorisent le retour au travail. Si une mère use par contre de sa liberté d'allaiter son enfant plus de 2 ans, elle a peu de soutien social pour vivre selon ses convictions marginales. Elle rencontre même un corpus de préjugés: problèmes de sommeil, de comportement, d'autonomie et d'épuisement maternel. Notre société met tellement d'argent dans le développement de services de garde à temps plein que le maternage par l'allaitement prolongé s'y insère difficilement. Le développement des services de gardes à temps plein a comme tendance lourde d'établir des normes sociales qui encadrent le parentage selon un modèle unique. Envers l'école maison, cette culture ambiante demeure. La société en vient donc à considérer la fréquentation scolaire non pas comme un modèle possible d'éducation mais comme le modèle de référence puisqu'il répond adéquatement aux besoins et aspirations sociales: développement de l'enfant tout en libérant les parents. Cette culture influence forcément les divers intervenants dans leur interprétation de la loi et son application. Sauf, évidemment s'ils ont fait l'effort d'acquérir une culture qui accepte dans son fondement l'éthique comme outil de gestion des rapports humains.
Le mouvement de l'école maison est une réponse saine des parents sur des questions touchant leurs responsabilités. Il s'inscrit dans une volonté de progrès et de développement social. Ces parents sont conscients que leurs enfants seront des citoyens à leur tour. Ces parents travaillent à bâtir leur société par l'éducation de leurs enfants et les éduquent aussi dans l'idée d'une société à bâtir. Nous léguons à nos enfants de hautes aspirations pour la magnification (émancipation) de la dignité humaine. Nous leur léguons aussi une boîte de Pandore regorgeant de problèmes sociaux, environnementaux et économiques. Pour ces parents, l'école maison devient un moyen d'accompagner ce legs d'une boîte à outil: une éducation sur mesure. L'école est un engagement tacitement social des parents qui accomplissent ainsi leur devoir à contribuer au progrès social. Selon l'article 4 de la Déclaration sur le progrès et le développement dans le domaine social:
«La famille, en tant qu'élément de base de la société et que milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres, et en particulier des enfants et des jeunes, doit être aidée et protégée afin qu'elle puisse assumer pleinement ses responsabilités au sein de la communauté. ...»
L'école maison est un choix éducatif marginal qui va à l'encontre de la culture ambiante comme nous l'avons déjà dit. Les parents qui entreprennent cette voie sont forcément conscients de cette marginalité et n'y ont pas tous sauté le coeur léger. De plus, la décision d'assumer complètement l'éducation de leurs enfants n'est pas irréfléchie. Elle est le résultat d'un processus de réflexion pour parvenir à une opinion éclairée sur la question. Cette démarche éducative est une initiative créatrice sollicitant pleinement les ressources humaines des parents et de leur environnement dont le but est d'améliorer les services éducatifs offerts à leurs enfants. Cette approche s'inscrit tout à fait dans l'esprit de l'article 5 de la même déclaration aux alinéas a), c) et d). De plus, l'article 22 demande à ce qu'il y ait élaboration et coordination de politiques et de mesures visant à renforcer les fonctions essentielles de la famille en tant que cellule de base de la société. Plusieurs familles qui font l'école maison en contexte québécois n'en demande pas tant de la part de leur gouvernement. Nous croyons même, ce n'est que notre opinion d'auteur(e)s, que notre société n'a pas encore assez développé sa maturité sur le plan de la vie démocratique pour que le gouvernement offre un soutien matériel et professionnel aux familles d'école maison sans ingérence dans les libertés fondamentales. Quelques familles auraient besoin d'un minimum de soutien parce que leurs enfants ont des besoins particuliers ou qu'elles sont à faible revenu. Mais la majorité des familles souhaitent en général qu'on les laisse jouir en paix de leurs libertés fondamentales. Elles font un peu cavalier seul, chargées de lourdes responsabilités mais fières de leur mission et braves dans l'adversité.
© LEMAQ 2003-2007
lundi 7 mai 2007
La Récré
Un petit air de soumission. Le pire air pour un enfant.
- Elise Turcotte
- Jean-Jacques Rousseau
jeudi 3 mai 2007
Réflexion sur l'Aspect Légal - Partie 5
Partie 2 : L'éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec
Partie 4 : L'Éducation maison,la Loi sur la protection de la jeunesse et la Loi sur l'instruction publique
Partie 5 : L'Éducation maison et la Loi sur l’instruction publique : une autre interprétation
Partie 6 : à venir
À NOTER: Il est important de garder à l'esprit que cette série d’articles sur la légalité de l'école maison ne constitue pas un avis légal provenant d'un professionnel du droit. Le contenu de ces articles se veut uniquement un outil de réflexion et d'information générale sur le thème de la légalité.
L’Éducation Maison et la Loi : L'Éducation maison et la Loi sur l’instruction publique : une autre interprétation
Dans la quatrième partie de notre série d’articles sur l’aspect légal , nous avons vu la loi sur l’instruction publique et nous aimerions maintenant y accorder un peu plus d’attention.
Un rappel : Loi sur l’instruction publique
«15. Est dispensé de fréquenter une école l'enfant qui:L'interprétation courante la plus coercitive de cet article 15, 4e alinéa, est qu'une famille qui désire faire l'école maison est tenue d'aviser par écrit la commission scolaire de son choix. La commission scolaire lui soumet alors une procédure d'évaluation, propre à chaque commission scolaire, afin de s'assurer que l'enfant reçoit bien une éducation adéquate. Couramment, l'évaluation consiste en la présentation d'un portfolio d'apprentissage de l'enfant préparé par le parent (et l'enfant selon sa capacité) ou un ensemble d'évaluations sommatives imposées par la commission scolaire ou encore un jumelage des deux approches. Précisons dès maintenant que nous n'endossons absolument pas cette interprétation. Nous jugeons nécessaire de discuter des implications de cette procédure.
1. en est exempté par la commission scolaire en raison de maladie ou pour recevoir des soins ou des traitements médicaux requis par son état de santé;
2. en est exempté par la commission scolaire, à la demande de ses parents et après consultation du comité consultatif des services aux élèves handicapés et aux élèves en difficultés d'adaptation ou d'apprentissage établi en application de l'article 185, en raison d'un handicap physique ou mental qui l'empêche de fréquenter l'école;
3. est expulsé de l'école par la commission scolaire en application de l'article 242;
4. reçoit à la maison un enseignement et y vit une expérience éducative qui, d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à l'école.»
Aux premières considérations superficielles, cette façon de procéder semble raisonnable. Bon nombre de familles sont satisfaites de l'entente qu'elles ont avec leur commission scolaire. Toutefois, le caractère raisonnable d'une interprétation n'en fait pas pour autant une interprétation juste. Nous entendons «juste» dans le sens de ce qui reflète la justice comme valeur humaine.* Notre société se veut une société libre et démocratique. Une éthique des rapports humains cherche continuellement à y maintenir sa place. C'est de cette aspiration à une profonde éthique des relations entre les personnes, tant morales que physiques, que nous voulons orienter la réflexion sur une interprétation alternative du corpus légal touchant l'école maison. Rappelons que ce chapitre n'est pas un avis juridique. Il propose une réflexion sur les textes légaux qui permettra peut-être un raffinement des concepts qui y sont en jeu. Les lois modifient rapidement une société mais une société change plus lentement l'interprétation d'une loi. Cette série d’articles n'est qu'une modeste contribution sociale pour progresser vers une société meilleure.
La formulation de la loi sur l'instruction publique comporte des zones grises qui permettent de concevoir des scénarios différents de celui présenté deux paragraphes plus haut. Le premier point qui peut être remis en question est l'obligation pour une famille d'aviser la commission scolaire de son choix de faire l'école maison. La formulation des 3 premiers alinéas de l'article 15 indique clairement le rôle décisionnel de la commission scolaire: l'enfant est soit exempté, soit expulsé par la commission scolaire. Le 4e alinéa ne comporte pas cette formulation alors qu'il aurait été très facile pour le législateur de continuer avec la même logique syntaxique. On comprend donc que, dans le cas de l'école maison, ce n'est pas la commission scolaire qui exempte l'enfant de la fréquentation obligatoire d'une école, c'est le parent lui-même comme lui en donne le droit son autorité parentale. La lettre d'information du choix de faire l'école maison serait donc facultative et soumise plutôt au contexte particulier à l'enfant.
Ainsi, une famille qui désire retirer son enfant de l'école qu'il fréquente, devrait en aviser la commission scolaire pour deux raisons :
La première, est une simple question de courtoisie: vous ne désirez plus avoir recours aux services éducatifs offerts par la commission solaire, il est juste de l'informer qu'elle est dégagée de cette responsabilité que vous ne voulez plus déléguer.
La deuxième raison est que la commission scolaire est une personne morale de droit public, ses fonctions, responsabilités et pouvoirs sont donc encadrés par des lois. Or la loi sur l'instruction publique exige d'elle qu'elle signale au directeur de la protection de la jeunesse toute famille dont l'enfant s'absente fréquemment de l'école sans justification (a.18). Alors, si vous n'avisez pas la commission scolaire, celle-ci, ignorant votre décision, ne fait qu'accomplir son devoir en communiquant avec la direction de la protection de la jeunesse.
Cependant, si vous êtes dans la situation où votre enfant n'a jamais fréquenté une école et n'a jamais été inscrit à la commission scolaire, vous auriez le choix (selon cette interprétation alternative) d'aviser la commission scolaire ou non de votre décision de faire l'école maison. Rappelons que selon l'interprétation que nous proposons, la loi n'a pas formulé de pouvoir décisionnel concernant le choix premier d'une famille de faire l'école maison à ses enfants. Il serait donc tout à fait inutile pour une famille incognito devant une commission scolaire de communiquer avec cette institution sauf si cette famille y voit quelque utilité.
Nous croyons qu'il y a une distinction à faire entre les familles qui ont inscrit leur enfant à la commission scolaire et les familles qui ne l'ont pas inscrit. L'article 447 de la loi sur l'instruction publique prévoit la création d'un régime pédagogique. Dans le Régime pédagogique de l'éducation préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire, il est clairement indiqué à l'article 9 que pour pouvoir bénéficier des services éducatifs dispensés par la commission scolaire, le parent doit en faire la demande. C'est à dire qu'il y a une demande de contrat pour lier la famille et la commission scolaire au sujet de services éducatifs. Une famille qui n'inscrit pas son enfant à la commission scolaire manifeste son refus de l'offre de contracter que lui fait la commission scolaire en tant que personne morale de droit public. Une telle famille n'a donc aucune obligation d'informer la commission scolaire de son choix de faire l'école maison car elle n'a aucun contrat qui la lie à celle-ci.
Nous entendons déjà les protestations de ceux qui expriment la crainte que l'enfant ne reçoive pas une éducation adéquate du fait d'une incompétence parentale ou qu'il soit même abusé moralement ou physiquement. Pour ces gens, la connaissance qu’aurait la commission scolaire de sa clientèle de famille d'école maison est la seule façon de gérer ce risque. C'est-à-dire qu'ils jugent que toute famille faisant l'école maison doit aviser sa commission scolaire. À cela, nous apportons quelques éléments de réponses.
Tout d'abord, bien des enfants abusés ont fréquenté et fréquentent en ce moment même le système scolaire sans que jamais un professionnel de ces services publics ne détecte ces cas d'abus. Aussi, bien des enfants qui bénéficient des services éducatifs de la commission scolaire n'en sortent pas avec une éducation adéquate (analphabétisme, décrochage scolaire par exemple).
Deuxièmement, le Code civil du Québec demande à chaque personne d'exercer ses droits civils selon les exigences de la bonne foi (article 6), c'est-à-dire sans intention de nuire à autrui. Dans nos rapports humains, nous prenons pour acquis que chacun d'entre nous agit de bonne foi (présomption d'innocence...). Le Code civil reconnaît aux parents, non déchus de leur autorité parentale, le droit et le devoir d'éduquer leurs enfants. Un parent qui use de ce droit et accomplit son devoir civil doit donc être présumé le faire de bonne foi. Par conséquent, l'idée de contrôler les possibilités d'abus au moyen d'une lettre d'information ne tient pas la route. Maintenant, nous reconnaissons qu'il y a effectivement une possibilité pour qu'une famille n'agisse pas pour le meilleur intérêt de son enfant et cache ses manques sous l'image de l'école maison. Cela rend-il la lettre d'information à la commission scolaire nécessaire pour autant? Non, car notre société a déjà une loi pour gérer ces déficiences parentales. Il s'agit de la loi sur la protection de la jeunesse. Nous l'avons présentée dans une section précédente. Nous avons vu que le fait qu'un enfant d'âge scolaire ne fréquente pas une école suffit pour faire un signalement au directeur de la protection de la jeunesse et pour que celui-ci ouvre un dossier. Notre société a donc une autre procédure de contrôle social que de «faire rapport» à la commission scolaire. Nous conseillons donc l'envoi d'une lettre à la commission scolaire seulement pour les familles dont l'enfant y est inscrit, et ce, pour des raisons de politesse et pour éviter d'avoir immédiatement un intervenant de la D.P.J. à votre porte.
Certains argueront que, de toute manière, toute famille faisant l'école maison doit se faire connaître à la commission scolaire desservant son territoire afin que celle-ci puisse procéder à l'évaluation de l'enseignement et de l'expérience éducative vécu par l'enfant. Cette opinion ne tient pas compte de deux zones grises additionnelles dans la formulation de la loi.
En premier lieu, il y a méprise sur l'obligation de procéder de facto à une évaluation faite par la commission scolaire. En effet, la loi affirme dans un premier temps que l'évaluation est faite «par la commission scolaire» mais dans un deuxième temps «ou à sa demande». L'un des modes n'est pas mis en priorité sur l'autre. L'expression «ou à sa demande» implique une possibilité, et non une certitude, que la commission scolaire demande une évaluation dont, en plus, elle n'est pas nécessairement l'auteure.
Il est aussi nécessaire de discuter davantage de «qui» est en autorité de produire une évaluation. La loi formule clairement dans un premier temps que la commission scolaire est habileté à faire une évaluation de l'enseignement et de l'expérience éducative vécue par une famille. Mais il n'y a pas que la commission scolaire qui a la compétence de soumettre une évaluation. Dans la situation où la commission scolaire demande une évaluation, la loi ne spécifie pas qui peut répondre à cette demande. Les parents peuvent donc y répondre à en fournissant leur propre évaluation ou celle d'un professionnel choisi par eux. Certaines commissions scolaires commettent un abus en tentant d'imposer unilatéralement la procédure d'évaluation aux parents. La formulation de la loi ne lui donne pas un tel pouvoir. C'est le parent-éducateur en premier lieu qui doit choisir le mode d'évaluation qui convient à sa famille. Il peut choisir une évaluation faite par la commission scolaire comme il peut la refuser. S'il la refuse, la commission scolaire doit accepter le dossier d'évaluation soumis par le parent pour répondre à sa demande.
Nous poursuivrons bientôt avec notre réflexion sur la légitimité d’une loi. Nous espérons que vous serez des nôtres.
© LEMAQ 2003-2007
* "justice morale qui respecte les droits et libertés humaines"
lundi 30 avril 2007
extrait de Bavardages d'un vieux prof avec son petit-fils par Constantin Fotinas
Editions Ecosociété, 2000
"Personnellement, je souhaite de tout mon coeur la disparition de l’école (sous sa forme actuelle), tout simplement parce que cette école ne nous a jamais aimés. J’accuse l’école de ne nous avoir jamais aimés. Sans amour, on ne peut ni s’épanouir ni se développer.
Je compte plus de 25 années de scolarité et pourtant, je déclare solennellement que je ne me suis jamais senti aimé par l’école. Je sentais qu’elle n’était pas conçue pour m’aimer, mais uniquement pour me «guider». Or, c’est avec et par l’amour qu’on peut s’épanouir et se développer. Personnellement, je souhaite de tout mon coeur la disparition de l’école. De tout mon coeur.
Au XVIIe siècle, J. S. Comenius, dans sa Magna Didactica, a inauguré l’école dans sa forme actuelle. Notre école est une vieille dame qui refuse de se retirer avec dignité. L’apprentissage en série, un processus de production du savoir à la chaîne (en 7 ou 12 étapes de scolarité obligatoire), ainsi que la rationalisation de ce processus ont été instaurés par cet évêque pansophiste et alchimiste réputé. Comme des éléments peuvent se transformer en un métal précieux, les êtres humains peuvent, après 7 classes de traitement, se transformer en argent, ou en or après 12 traitements. Oh! mon Dieu que tout devient simple! Personnellement, je souhaite de tout mon coeur la disparition de cette école. Je reconnais qu’on doit énormément à cette vieille dame, mais rarement les vieux acceptent-ils de mourir. Et pourtant, quand on a fait le tour du domaine, le désir de mort émerge naturellement."
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À propos du livre :
"Dans ce livre, Constantin Fotinas insiste sur la nécessité de redonner à l'éducation la place qui lui revient comme véritable pilier de toute société. L'éducation ne doit pas servir à produire des êtres dociles, facilement contrôlables par les autorités. Elle doit plutôt former des adultes épanouis, libres, originaux, capables de penser par et pour eux-mêmes.Dans la première partie de ce livre, l'auteur nous confie ses vues sur la nature humaine et la société actuelle. Il parle entre autres de la peur viscérale que nous avons du changement et surtout, d'être rejetés par notre groupe d'appartenance et il explique comment cette peur est entretenue par le syndrôme de l'abondance et de l'excellence.Dans la seconde partie, Fotinas nous entraîne dans son monde intérieur, véritable miroir de celui de tout être humain. Il nous fait découvrir comment tout n'est qu'illusion et que chacun de nous possède ses propres vérités, ses propres questions et ses propres réponses.Finalement, il partage avec nous un des « grands amours de sa vie », le Café-École de quartier, cet endroit de la rue où tous, hommes et femmes, peuvent entreprendre le cheminement de toute une vie... leur éducation. "
http://www.ecosociete.org/t42.html
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Gaia écrit maintenant sur son blog personnel Apprentissage Infini
jeudi 26 avril 2007
Réflexion sur l'Aspect Légal - Partie 4
Partie 2 : L'éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec
Partie 4 : L'Éducation maison,la Loi sur la protection de la jeunesse et la Loi sur l'instruction publique
Partie 5 : L'Éducation maison et nos questionnements sur la légitimité de la Loi sur l'instruction publique (à venir)
La loi sur la protection de la jeunesse, L.R.Q., chapitre P-34.1
Cette loi s'applique dans le cas où la sécurité ou le développement d'un enfant est ou peut être considéré comme compromis. Le chapitre II de cette loi mentionne les droits des enfants et le premier en liste est défini à l'article 2.2. :
«La responsabilité d'assumer le soin, l'entretien et l'éducation d'un enfant et d'en assurer la surveillance incombe en premier lieu à ses parents.»
Dans le cas où une famille a à interagir avec les représentants de la loi sur la protection de la jeunesse, c'est l'intérêt de l'enfant qui est l'élément rassembleur et le maintien dans la famille qui est favorisé:
«3. Les décisions prises en vertu de la présente loi doivent l'être dans l'intérêt de l'enfant et dans le respect de ses droits. Sont pris en considération, outre les besoins moraux, intellectuels, affectifs et physiques de l'enfant, son âge, sa santé, son caractère, son milieu familial et les autres aspects de sa situation.
4. Toute décision prise en vertu de la présente loi doit tendre à maintenir
l'enfant dans son milieu familial...»
La loi sur la protection de la jeunesse ne fait pas que décrire toutes les dispositions pour traiter les cas d'enfants voyant leurs droits bafoués par leurs parents, bien que cela occupe une large partie du texte. Des droits généraux y sont aussi définis. Ainsi, l'article 8 décrit les services auxquels l'enfant a droit:
«L'enfant a droit de recevoir des services de santé, des services sociaux ainsi que des services d'éducation adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain et social, avec continuité et de façon personnalisée, compte tenu des dispositions législatives et réglementaires relatives à l'organisation et au fonctionnement de l'établissement ou de l'organisme du milieu scolaire qui dispense ces services ainsi que des ressources humaines, matérielles et financières dont il dispose.»
La loi sur la protection de la jeunesse s'étend sur le droit de recevoir des services éducatifs donnés par des établissements ou des organismes scolaires. Ce droit sous-entend tout d'abord le droit à l'éducation qui était au départ défini à l'article 2.2. où la responsabilité première des parents y était affirmée. Dans le cas où les parents délèguent cette responsabilité au système scolaire ou autre, comme le permet le Code civil du Québec à l'article 601, l'enfant doit alors, comme l'énonce l'article 8, recevoir des services éducatifs. Ces services éducatifs sont soumis aux lois qui gèrent ces organismes et ces établissements. Dans le cadre de cette loi, il semble qu'il y ait peu de place pour insérer le choix éducatif d'un parent qui confie l'éducation de son enfant à une autre famille...
Au chapitre IV, l'article 38.1 énumère les situations où la sécurité ou le développement de l'enfant sont considérés comme compromis. Les parents qui font l'école maison sont des parents concernés par le bien-être de leurs enfants et sont profondément engagés dans le développement harmonieux et sain de ceux-ci. Par conséquent, nous nous contenterons de mentionner le seul point de cet article dans lequel certains intervenants de la loi sur la protection de la jeunesse croient voir un lien avec la pratique de l'école maison:
«b) s'il est d'âge scolaire et ne fréquente pas l'école ou s'en absente fréquemment sans raison;»
Nous croyons que si certains intervenants font ce lien, celui-ci part d'une interprétation erronée car cet article de loi se réfère à des cas d'absentéisme scolaire et non pas à des cas d'école maison.
La loi sur l'instruction publique, L.R.Q., chapitre I-13.3
Le texte de cette loi vise à assurer le respect du droit à l'éducation scolaire et sert surtout à constituer les commissions scolaires et autres institutions et à gérer leurs fonctions et pouvoirs. Le moyen utilisé pour rendre l'exercice de ce droit à l'éducation scolaire accessible à tous est de rendre la fréquentation scolaire obligatoire par l'article 14:
«Tout enfant qui est résident du Québec doit fréquenter une école à compter du premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16 ans ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par le ministre, selon la première éventualité.»
L'esprit de la loi est de permettre un accès aisé à l'éducation pour tous les membres de notre société et c'est pour cela que le droit défini dans cette loi est un droit à l'«éducation scolaire» et non un droit à «l'éducation». Pour ne pas faire de ce droit une coercition pour ses membres, la loi prévoit des situations où l'enfant n'a pas à fréquenter une école. Outre les cas d'expulsion et l'état de santé incapacitant l'enfant à fréquenter l'école, une dispense est énoncée pour l'enfant éduqué à la maison:
«15. Est dispensé de fréquenter une école l'enfant qui:
1. en est exempté par la commission scolaire en raison de maladie ou pour recevoir des soins ou des traitements médicaux requis par son état de santé;
2. en est exempté par la commission scolaire, à la demande de ses parents et après consultation du comité consultatif des services aux élèves handicapés et aux élèves en difficultés d'adaptation ou d'apprentissage établi en application de l'article 185, en raison d'un handicap physique ou mental qui l'empêche de fréquenter l'école;
3. est expulsé de l'école par la commission scolaire en application de l'article 242;
Avant de discuter de l'interprétation de cette loi, notons une dernière dispense, faisant suite toujours à l'article 15, qui est utilisée par certaines familles fréquentant la communauté d'école maison:
«Est dispensé de fréquenter l'école publique l'enfant qui fréquente un établissement régi par la loi sur l'enseignement privé (chapitre E-9.1) ou un établissement dont le régime d'enseignement est l'objet d'une entente internationale au sens de la loi sur le ministère des Relations internationales (chapitre M-25.1.1) qui dispensent tout ou partie des services éducatifs visés par la présente loi.»
Vous n'êtes pas considérés comme faisant l'école maison, au sens de la loi, lorsque votre enfant est inscrit à un établissement offrant des cours par correspondance faisant l'objet d'une entente internationale. L’inscription au CNED en est l'exemple le plus courant. Aussi, le domicile familial ne constitue pas une école privée. La loi sur l'enseignement privé (chapitre E-9.1, a.4, 3e alinéa) stipule clairement qu'une famille ne peut pas revendiquer le statut d'école privée.
Il est maintenant clair que l'école maison est légale dans la société québécoise. Mais comment la loi est-elle interprétée? Les pratiques d'école maison sont fort nombreuses. Ont-elles toutes la même reconnaissance légale? Nous avons pris connaissance de quelques textes légaux québécois. D'un côté on y pose les parents comme premiers responsables de l'éducation de leurs enfants et le discours légal semble s'ancrer davantage ici sur le droit à l'éducation de l'enfant. D'un autre côté, notre société a voté des lois qui ont comme objectif de permettre l'exercice du droit à l'«éducation scolaire» ou du droit de «recevoir des services éducatifs» (sous-entendus prodigués par des établissements ou des organismes scolaires). Or, ce sont précisément dans ces lois qu'on traite d'éducation à la maison, considérée parente pauvre de l'éducation publique. Depuis quelques années au Québec, nous sommes témoins de l'émergence d'un mouvement de l'école maison. Son épanouissement risque-t-il d'être étouffé par un encadrement légal inadéquat à sa nature?
Dans notre prochaine publication, nous poursuivons la réflexion en nous questionnant sur la légitimité de la loi sur l'instruction publique envers les problématiques soulevées par le mouvement de l'école maison en contexte québécois. C'est un rendez-vous à ne pas manquer!
© LEMAQ 2003-2007
dimanche 22 avril 2007
Réflexion sur l'Aspect Légal - Partie 3
Partie 2 : L'éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec
Partie 4 : Autres textes légaux ayant des répercussions sur le vécu de l'école maison (à venir)
etc.
À NOTER: Il est important de garder à l'esprit que cette série d’articles sur la légalité de l'école maison ne constitue pas un avis légal provenant d'un professionnel du droit. Le contenu de ces articles se veut uniquement un outil de réflexion et d'information générale sur le thème de la légalité.
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L’Éducation Maison et la Loi : L'éducation maison, La Charte des droits et libertés de la personne et le Code civil du QuébecDès aujourd’hui nous présentons les textes légaux québécois ayant davantage de répercussion sur le vécu de l'école maison. Nous y discutons des possibilités d'interprétation en faisant ressortir comment une interprétation de la loi peut créer ou non des problèmes de relation entre une famille et son entourage, la société, une commission scolaire, etc.
La Charte des droits et libertés de la personne
Ce document légal est très intéressant dans la mesure où cette loi chapeaute toutes les autres lois de juridiction provinciale. Les articles qui ont un lien avec la libre pratique de l'école maison sont l'article 3 qui affirme le droit à la liberté de conscience et l'article 39 qui reconnaît le droit de protection de l'enfant et d'attention que ses parents peuvent lui donner.
3. Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association.
1975, c. 6, a. 3.
39. Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l'attention que ses parents ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner.
1975, c. 6, a. 39; 1980, c. 39, a. 61.
Au niveau de l'éducation, il y a les articles 40, 41 et 42 qui affirment le droit à l'instruction publique gratuite et le droit de choisir une institution d'enseignement privé mais rien d'explicite sur le droit d'assumer entièrement l'éducation de ses enfants.
40. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, à l'instruction publique gratuite.
1975, c. 6, a. 40.
41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l'intérêt de ceux-ci.
1975, c. 6, a. 41; 2005, c. 20, a. 13.
42. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit de choisir pour leurs enfants des établissements d'enseignement privés, pourvu que ces établissements se conforment aux normes prescrites ou approuvées en vertu de la loi.
1975, c. 6, a. 42.
Au moment où la charte a été conçue, en 1975, le mouvement de l'école maison n'était pas encore très développé au Québec, ni au Canada. Aux États-Unis, il en était à ces premiers balbutiements. C'est pourquoi les seules options éducatives envisagées par la charte sont du domaine public ou privé. Il y a toutefois un article fondamental de la Charte à toujours conserver à l'esprit. Il s'agit de l'article 50 :
« La Charte doit être interprétée de manière à ne pas supprimer ou restreindre la jouissance ou l'exercice d'un droit ou d'une liberté de la personne qui n'y est pas inscrit.»
Il y a aussi l'article 53 qui stipule que:
«Si un doute surgit dans l'interprétation d'une disposition de la loi, il est tranché dans le sens indiqué par la Charte.»
L'école maison peut donc se légitimer à partir de la Charte en priorité sur toute autre loi.
De l'autorité parentale: le Code civil du Québec
Le Code civil du Québec constitue le droit commun de notre société québécoise. Il a donc force de loi. Voici la disposition préliminaire que l'on retrouve en introduction au Code civil:
«Le Code civil du Québec régit, en harmonie avec la Charte des droits et libertés de la personne et les principes généraux du droit, les personnes, les rapports entre les personnes, ainsi que les biens.
Le code est constitué d'un ensemble de règles qui, en toutes matières auxquelles se rapportent la lettre, l'esprit ou l'objet de ses dispositions, établit, en termes exprès ou de façon implicite, le droit commun. En ces matières, il constitue le fondement des autres lois qui peuvent elles-mêmes ajouter au code ou y déroger.»
On y traite donc des contrats, de la vie privée, des droits civils de la personne, du partage du patrimoine familial, des baux, du mariage etc. On y traite bien entendu de la famille. Pour dresser un portrait de l'importance accordée aux parents sur l'éducation de leurs enfants, nous citons ci-dessous quelques extraits pertinents. Gardons en tête que ces articles sont jugés fondamentaux par rapport à d'autres lois ayant un même contenu thématique.
Livre deuxième, De la famille, Titre premier, Du mariage, Chapitre quatrième, Des effets du mariages, section 1, Des droits et des devoirs des époux:
«Art.394. Ensemble, les époux assurent la direction morale et matérielle de la famille, exercent l'autorité parentale et assument les tâches qui en découlent.
1991,c.64, a.394 (1994-01-01)
Art.396. Les époux contribuent aux charges du mariage à proportion de leurs facultés respectives.
Chaque époux peut s'acquitter de sa contribution par son activité au foyer.
1991, c.64, a.396 (1994-01-01)»
Livre deuxième, De la famille, Titre quatrième, De l'autorité parentale:
«Art.599. Les père et mère ont, à l'égard de leur enfant, le droit et le devoir de garde, de surveillance et d'éducation.
Ils doivent nourrir et entretenir leur enfant.
1991, c.64, a.599 (1994-01-01)»
Nous voyons que le Code civil du Québec, non seulement reconnaît aux parents le droit d'éduquer leurs enfants, mais en fait un devoir. Comme le Code civil est le fondement des autres lois, cet article définissant les droits et devoirs de l'autorité parentale est d'une grande importance légale à notre avis qui, de plus, est soutenu par les déclarations de l'Organisation des Nations Unies (voir partie 1). Le code établit aussi que les charges qui découlent du mariage (direction morale et matérielle de la famille, exercice de l'autorité parentale avec les tâches associées) peuvent être acquittées par l'activité d'un conjoint au foyer. L'une des tâches qui découlent de l'autorité parentale est l'éducation. Par conséquent, le Code civil permet qu'un parent éduque son enfant au domicile familial et non dans une école. Un parent qui choisit de faire l'école maison à ses enfants ne fait qu'assumer son devoir d'éducation découlant de son autorité parentale.
À bientôt, pour la quatrième partie.
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jeudi 19 avril 2007
Réflexion sur l'Aspect Légal - Partie 2
Partie 2 : L’éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec (Dimanche 22 avril 2007)
Partie 4 : Autres textes légaux ayant des répercussions sur le vécu de l'école maison (à venir)
etc.
À NOTER: Il est important de garder à l'esprit que cette série d’articles sur la légalité de l'école maison ne constitue pas un avis légal provenant d'un professionnel du droit. Le contenu de ces articles se veut uniquement un outil de réflexion et d'information générale sur le thème de la légalité.
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L’Éducation Maison et la Loi : L’éducation maison, La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples.Le 17 avril dernier, dans la première partie de notre réflexion sur l’aspect légal, nous avons parlé de l’importance de la famille dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, rédigée par les Nations Unies.
Aujourd’hui, nous verrons que d'autres instruments internationaux également proclamés par l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies venant soutenir plus précisément les droits de l'homme mentionnent l'éducation et l'importance des parents dans leur déclaration. Il y a tout d'abord la Déclaration des droits de l'enfant qui définit l'environnement nécessaire au développement de l'enfant et comment l'éducation s'insère dans cet environnement:
«Principe 6
L'enfant, pour l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, a besoin d'amour et de compréhension. Il doit, autant que possible, grandir sous la sauvegarde et sous la responsabilité de ses parents* et, en tout état de cause, dans une atmosphère d'affection et de sécurité morale et matérielle;...»
et aussi:
«Principe 7
L'enfant a droit à une éducation qui doit être gratuite au moins aux niveaux élémentaires. Il doit bénéficier d'une éducation qui contribue à sa culture générale et lui permettre, dans des conditions d'égalité de chances, de développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des responsabilités morales et sociales, et devenir un membre utile à la société.
L'intérêt supérieur de l'enfant doit être le guide de ceux qui ont la responsabilité de son éducation et de son orientation; cette responsabilité incombe en priorité à ses parents.*
L'enfant doit avoir toutes les possibilités de se livrer à des jeux et à des activités récréatives, qui doivent être orientés vers les fins visées par l'éducation; la société et les pouvoirs publics doivent s'efforcer de favoriser la jouissance de ce droit.»
Manifestement, l'école maison soutien le droit de l'enfant à l'éducation et répond à son besoin d'amour et de compréhension.
Finalement, les prochaines citations proviennent de la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples où la réalisation des quelques grands objectifs de l'éducation qui y sont mentionnés s'appuie sur la famille:
«Principe II
Tous les moyens d'éducation, y compris, étant donné son importance capitale, l'éducation donnée par les parents ou la famille*, et tous les moyens d'enseignement et d'information destinés à la jeunesse doivent promouvoir parmi les jeunes les idéaux de paix, d'humanisme, de liberté et de solidarité internationale, ainsi que tous les autres idéaux qui contribuent au rapprochement des peuples, et doivent leur faire connaître le rôle confié à l'Organisation des Nations Unies en tant que moyen de préserver et de maintenir la paix et de favoriser la compréhension et la coopération internationales.
Principe VI
L'éducation des jeunes doit avoir parmi ses principaux buts le développement de toutes leurs facultés, la formation de personnes possédant de hautes qualités morales, profondément attachées aux nobles idéaux de paix, de liberté, de dignité et d'égalité de tous, au respect et à l'amour envers l'homme et son oeuvre créatrice. À cet effet, la famille a un rôle important à jouer*.La jeunesse doit acquérir la conscience des responsabilités qui lui reviendront dans un monde qu'elle sera appelée à diriger et être animée de confiance dans l'avenir heureux de l'humanité.»
À nouveau, on sent bien dans ces principes, énoncés par les Nations Unies, l’importance accordée à la famille dans l’éducation de l’enfant. Nous croyons que les familles qui font l’école maison ont à cœur ces objectifs et offrent un milieu incomparable pour aider l’enfant à grandir dans l’harmonie, devenir responsable et continuer la promotion de ces idéaux.
Dans le prochain article, nous présenterons les textes de lois québécoises qui peuvent nous aider à poursuivre cette réflexion sur l’aspect légal de l’éducation maison. C’est à suivre…
* Caractères gras ajoutés par LEMAQ
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mardi 17 avril 2007
Réflexion sur l’Aspect Légal - Partie 1
Premièrement, nous nous attardons sur quelques extraits de documents politiques et légaux qui nous permettent d'énoncer quelques caractéristiques essentielles de notre société qui sont en harmonie avec l'école maison. Nous découvrons alors que les aspirations des tenants du mouvement de l'école maison tendent dans la même direction que les aspirations de notre société.
Exemple d’articles à venir:
Partie 1 : L’éducation maison et La Déclaration universelle des droits de l’homme (Mardi 17 avril 2007 )
Partie 2 : L’éducation maison et La Déclaration des droits de l’enfant et la Déclaration concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples (Jeudi 19 avril 2007)
Partie 3 : L’éducation maison et La Charte des droits et libertés de la personne et Le Code civil du Québec (Dimanche 22 avril 2007)
Partie 4 : Autres textes légaux ayant des répercussions sur le vécu de l'école maison (à venir)
etc.
À NOTER: Il est important de garder à l'esprit que cette série d’articles sur la légalité de l'école maison ne constitue pas un avis légal provenant d'un professionnel du droit. Le contenu de ces articles se veut uniquement un outil de réflexion et d'information générale sur le thème de la légalité.
L’Éducation Maison et la Loi
La société québécoise reconnaît-elle l'autorité parentale en matière d'éducation au point de permettre la pratique de l'école maison? Comme la société québécoise est une société de droits, nous pouvons tenter de répondre à cette question en vérifiant la place légale qui est accordée à l'autorité parentale concernant l'éducation de ses enfants.
L'importance de la famille et des parents selon les Nations Unies
Avant d'aborder les textes légaux québécois ayant le plus de répercussion sur le vécu de l'école maison, il est intéressant de prendre connaissance de quelques déclarations des Nations Unies. Le Canada étant un état membre des Nations Unies, il se doit de mettre en place des mesures qui vont dans le sens de ces déclarations. Ces déclarations ont comme fin le progrès social de l'humanité. Advenant le cas où nous jugerions que notre société ne s'y conformerait pas, nous avons la liberté, comme citoyen canadien, de réclamer le respect de ces déclarations dans nos institutions sociales. Évidemment, ces déclarations doivent correspondre à nos aspirations humaines les plus nobles et les propositions des Nations Unies ne sont pas des textes sacrés exempt d'erreurs. À chacun donc d'y prendre position. Pour la rédaction de cet article, nous y avons trouvé des pistes de réflexion intéressantes. La particularité politique des déclarations des Nations Unies est qu'elles sont soutenues par les États membres dont le Canada fait partie. Ces documents sont donc pertinents à toute réflexion sociale en sol québécois du fait qu'elles comportent des orientations pour le développement social.
Considérons quelques extraits pour nous aider à formuler des repères pour la société à laquelle nous aspirons pour l'exercice de l'école maison. Nous obtiendrons une société meilleure en y injectant nos attentes et en évaluant ses lois selon ces attentes.
La déclaration universelle des droits de l'homme
Choisir de faire l'école maison à ses enfants implique un ensemble de convictions tant spirituelles que sociales, pédagogiques ou pragmatiques concernant notre perception de parent, de l'enfant, de la famille et de la société. Ainsi, à l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, on lit que:
«Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et
l'accomplissement des rites.»
Un parent a donc le droit de manifester l'ensemble de ses convictions concernant l'école maison par l'enseignement et les pratiques en concordance avec ses convictions. Ce qui trouble souvent les gens peu informés sur le mouvement de l'école maison est que la décision des parents de faire l'école maison est «imposée» à l'enfant et qu'il y a des craintes, injustifiées mais motivées par de bonnes intentions, que l'enfant pâtisse de cette décision. Pour calmer ces inquiétudes, il est sain de préciser si les parents sont dans leur droit d'imposer un tel choix à leurs enfants. Voici l'importance du rôle de la famille dans la société tel que décrit à l'article 16:
«La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État.»
Pour clarifier comment s'insère l'éducation dans la cellule familiale, quel en est le grand objectif et qui est en position d'autorité à ce sujet, nous nous référons à l'article 26:
«1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental.
L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et
professionnel doit être généralisé; l'accès aux études supérieures doit être
ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.»
Du point 1, on comprend ici que l'expression «enseignement élémentaire obligatoire» ne désigne pas l'obligation de fréquenter une école mais l'obligation d'être éduqué. Puisque le document de cette déclaration des droits de l'homme a été conçu comme outil de portée internationale, il en découle qu'il n'y a pas de modèle unique d'enseignement obligatoire. Imposer à toutes les cultures le modèle d'éducation de masse des sociétés occidentales relèverait du colonialisme et brimerait des libertés fondamentales. Pour résumer la portée du point 1 et en saisir l'esprit: l'enfant doit recevoir une éducation; il ne doit pas passer toutes ses journées à travailler au champ ou à l'usine.
Le point 2 peut nous aider en tant que parent à évaluer, dans les faits, si l'expérience éducative de notre enfant rejoint cet objectif d'épanouissement, de respect et de paix, qu'il fréquente une école ou qu'il vive l'école maison.
Finalement, le dernier paragraphe ou point 3, exprime clairement la place de l'autorité parentale concernant l'éducation de ses enfants. Le texte est très clair sur ce point: les parents ont le dernier mot quant au genre d'éducation à donner à leurs enfants. En tenant compte de l'ensemble de ces trois points, on comprend que les parents canadiens ont donc la liberté de choisir l'expérience éducative à laquelle ils souhaitent exposer leurs enfants. Nous pouvons maintenant préciser comment les Nations Unies recommandent d'encadrer cette liberté. L'article 29 y répond comme suit:
«2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun
n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue
d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et
afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du
bien-être général dans une société démocratique.»
Dans le cas de l'école maison :
- il n'y a aucune atteinte aux droits et liberté d'autrui puisque l'enfant est éduqué et qu'on n'empêche l'éducation de personne;
- ce choix ne contrevient pas à la morale puisque c'est le bien de l'enfant et de la famille et même de la société qui est recherché;
- ce choix ne perturbe pas l'ordre public puisque qu'on ne crée pas d'embouteillage ni d'émeute et;
- ne nuit pas non plus au bien-être général puisque l'école maison est précisément vécue pour atteindre un mieux-être.
Les parents et leurs proches peuvent donc assumer leur responsabilité sociale en analysant ce choix de faire de l'école maison selon ces directives.
Dans le prochain article, nous poursuivrons notre réflexion sur l’aspect légal de l’éducation maison à l’aide d’autres instruments internationaux. C’est à suivre…
© LEMAQ 2003-2007